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Dialoguer n'est pas dans l'intention du pouvoir

par Kharroubi Habib

Le pouvoir n'est nullement disposé à se prêter à un dialogue avec l'opposition surtout que celle-ci n'entrevoit de finalité pour un tel processus que le changement radical du système sur lequel il repose et le départ de son équipe dirigeante en place. Il se refuse même à en ouvrir un avec la composante de cette opposition ayant fait part de sa disponibilité à engager avec lui un dialogue certes sur d'indispensables changements qui s'imposent au vu de la crise politique qui sévit dans le pays, mais sans le préalable inacceptable pour lui de céder la place à une transition démocratique comme le demandent les autres pans de l'opposition.

Il a toutefois modulé son accueil aux initiatives lancées chacune de son côté par les deux segments de l'opposition prônant la sorte de dialogue qu'elles préconisent. A celle de la CNLTD qui a pratiquement arrêté que le dialogue auquel elle se prêterait avec lui ne consistera qu'à formaliser les formes que prendrait la transition démocratique dont elle veut à l'évidence qu'elle soit sous la conduite des forces et représentations sociales qu'elle fédère, le pouvoir a répondu par une fin de non-recevoir catégorique. Il en a fait autant avec celle dont le Front des forces socialistes en est à l'origine avec cette nuance toutefois qu'il a donné feu vert à ses relais partisans et sociaux d'ouvrir avec la frange de l'opposition favorable à l'initiative de ce parti un dialogue balisé quant aux points et problèmes qui y seront débattus.

Par cette tactique, le pouvoir pense se donner latitude de paraître être ouvert à la concertation avec l'opposition et que ce seraient des franges de celle-ci qui au contraire n'en veulent pas en posant des préalables et conditions qui ne sont pas d'actualité dans le contexte algérien. Ancré dans la certitude que le pays ne vit pas de crise politique, le pouvoir ne veut pas engager un dialogue avec quiconque dont le contenu contredirait l'occultation qui est la sienne de son existence. Mais tout en se refusant à reconnaître l'existence d'une crise politique qui paralyse le pays, tel que l'opposition le proclame et en pointe les causes, le pouvoir a été contraint d'admettre la nécessité d'opérer des changements qu'il sait voulus et demandés par la société algérienne dont l'évolution ne peut plus se satisfaire du mode de gouvernance qui est celui du pays depuis l'indépendance. Ce à quoi il a pensé pouvoir répondre par le biais d'un projet de révision de la Constitution pour lequel il a fait mine d'accepter de consulter sur son contenu l'ensemble des «forces vives» nationales y compris celles dans l'opposition.

Il s'en tiendra par conséquent à sa démarche du moins tant qu'il aura la maîtrise de cette crise politique dont il occulte l'existence et que les pôles de l'opposition qui veulent le contraindre à se résoudre à dialoguer sur la sortie de celle-ci n'auront pas établi avec lui le rapport de force à partir duquel il devrait prendre en compte leurs revendications.

C'est dire que le statu quo politique sur lequel le pouvoir est arcbouté va se prolonger pour un moment encore quoi que pense l'opposition qui voudrait y mettre terme.