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Irak, la guerre sainte de l'Eglise

par Moncef Wafi

A travers les événements d'Irak et l'avancée de Daech, une créature des services américains -faut-il encore le dire et le répéter- de l'aveu même de Hilary Clinton, l'Eglise retrouve ses anciens réflexes guerriers et appelle à une intervention militaire de l'Occident pour sauver les chrétiens irakiens. Des responsables de l'Eglise catholique ont demandé explicitement à la communauté internationale d'intervenir militairement pour protéger les minorités irakiennes, notamment chrétiennes, de la menace djihadiste. Le Français Bruno Cadoré, supérieur général mondial des dominicains, évoque «l'obligation» des Nations unies «d'intervenir» en Irak pour sauver les chrétiens. Il appellera «le déploiement immédiat d'unités militaires spéciales» pour, argumente-t-il, «arrêter la purification ethnique et sectaire en cours, assurer le retour sain et sauf des réfugiés dans leurs foyers et traduire les responsables en justice». L'envoyé spécial du pape en Irak, le cardinal Filoni, a également abondé dans le même sens estimant nécessaire une solidarité internationale «non seulement sur le plan humanitaire, mais aussi d'un point de vue politique et militaire». C'est dire si l'option militaire est bénie, ou du moins acceptée, par le pape François, l'apôtre de la paix, qui s'appuie sur l'idée de la légitime défense, notamment en cas de danger de génocide, contenue dans la doctrine catholique. Un changement radical dans le discours de l'Eglise catholique, alors qu'en 1965, devant l'ONU, le pape Paul VI déclarait : «Plus jamais la guerre!». Comme toujours, l'Arabie Saoudite a acquiescé, déclarant l'Etat islamique en Irak et au Levant comme l'ennemi numéro un de l'Islam. Si le souverain pontife avait écarté toute éventualité d'intervention militaire en Syrie alors que ces coreligionnaires étaient également en danger, selon la presse internationale, son engagement en faveur d'une solution militaire en Irak pourrait être la porte d'entrée à une intervention des Américains et des Français pour faire tomber le régime syrien. Ainsi et après le prétexte des Printemps arabes (Libye et Syrie), l'argument religieux voudrait que les puissances occidentales interviennent quand et où l'Eglise le permettra. Après l'Irak, le tour sera à la Syrie, la première à avoir souffert des exactions des groupes djihadistes importées par le Qatar avec la bénédiction de la Turquie.

Ensuite, quel pays sera inscrit dans la liste belliqueuse de la papauté ? L'Algérie a depuis longtemps pris la mesure des choses en n'acceptant pas de voir proliférer les minorités religieuses sur son territoire sans contrôle. Alger sait pertinemment que le risque de prêter le flanc peut venir de cette direction et s'attèle à colmater les brèches si d'aventure elles venaient à exister. La guerre des religions, le temps des croisades est bel et bien celui du 21ème siècle et Obama l'a clairement fait comprendre en autorisant les frappes sur des positions de l'Armée islamique aux portes d'Arbil en évoquant un présumé génocide des chrétiens irakiens par les djihadistes de Daech. On ne peut s'empêcher de faire le parallèle entre ce qui se passe à Ghaza avec la reprise des bombardements israéliens sur les civils et ce silence qui entoure le génocide des Palestiniens n'a d'égal que cet empressement tout chrétien à se mobiliser quand la Croix vacille.