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Pendant la campagne électorale pour la présidentielle dont
il fut l'un des animateurs pour le compte du président candidat, Amara
Benyounès, président du MPA et présentement ministre du Commerce, s'était
illustré par la virulence de ses attaques contre tous ceux qui se sont exprimés
contre le quatrième mandat. Il fut même insultant à leur égard, ce qui a eu
pour effet de susciter contre lui un tollé d'indignation. Impénitent dans la
morgue et l'arrogance, le chef du MPA s'est à nouveau distingué en s'en prenant
aux personnalités et partis ayant décliné l'invitation d'Ahmed Ouyahia à
participer aux consultations autour de la révision constitutionnelle qu'il
pilote. Il s'en est pris à eux en qualifiant les premières de «saisonniers
politiques» qui ne trouvent pas «dix Algériens qui les soutiennent et n'ont de
crédit qu'auprès de certains journaux» et en conseillant ironiquement aux
seconds de se préoccuper de régler leurs problèmes internes plutôt que de
parler de transition. Péremptoire et suffisant, il a déclaré à propos de
celle-ci qu'elle n'aura pas lieu en Algérie et ceux qui la prônent ne pourront
rien faire.
Il y a longtemps que Amara Benyounès, transfuge du RCD, ne fait plus illusion sur son attachement aux valeurs de la démocratie et de la liberté de pensée et d'expression. Il n'est plus qu'un zélé courtisan dans le clan présidentiel ayant pour mission de tirer sur tous ceux qui ont le «tort» d'être dans l'opposition à ce dernier. Il faut voir dans la «sortie» du président du MPA contre les personnalités et partis n'ayant pas répondu favorablement à l'invitation d'Ouyahia le signe de l'embarras qu'éprouvent les promoteurs du processus de consultation. Ils savent désormais que leur entreprise n'atteindra pas son but qui était celui d'imposer la fiction que la révision de la Constitution à laquelle ils vont procéder doit son contenu aux avis et préconisations d'un large éventail d'acteurs politiques et de représentations de la société civile. L'embarras est manifestement si grand qu'il a fait monter au créneau l'impavide président du Sénat, Abdelkader Bensalah, qui s'en est pris lui aussi aux empêcheurs de consulter en rond et pour déplorer «la publicité» qui leur est faite par rapport à «ceux qui soutiennent le processus». Ceux à qui s'en prennent Amara Benyounès et Abdelkader Bensalah affichent, quant à eux, une sérénité qui doit faire «bouillir» le régime. Ils poursuivent en effet la concrétisation de l'agenda politique dont ils se sont dotés qui prévoit, pour les uns, la réalisation d'une large convergence entre forces acquises à la nécessité du changement de régime politique et, pour les autres, à la construction d'un consensus national dont le pouvoir n'en serait pas l'unique déterminant. Leur détermination a, à l'évidence, pris de court le pouvoir, habitué qu'il est à avoir affaire à une opposition velléitaire empêtrée dans ses divisions et luttes de chapelle. Amara Benyounès, qui fut un temps l'un des attiseurs patenté de dissensions ayant empêché l'opposition de se doter d'une entente au SMIG contre le pouvoir, fait maintenant feu de tout bois et indistinctement contre celle-ci à partir du moment où elle s'est convertie à la nécessité de faire passer en second ses divergences pour instaurer des ponts entre ses segments et est soucieuse de contrer la politique du «diviser pour régner» dont le pouvoir use contre elle et lui a permis de la démonétiser auprès de l'opinion algérienne. |
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