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Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

par Kharroubi Habib

Est-ce un point de vue personnel qu'ont exprimé le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le secrétaire général du FLN Amar Saadani, quand le premier a annoncé la semaine dernière que l'élection présidentielle aura bien lieu le mois d'avril prochain et le second que son parti a décidé de présenter la candidature à cette élection de son président d'honneur qui n'est autre que Bouteflika ? Si cela avait été le cas, les « sorties » des deux hommes n'ont pas l'air d'avoir dérangé Bouteflika et le camp présidentiel. Ce qui plaide pour la véracité de ce qu'elles ont dévoilé. Mais qui croit Abdelmalek Sellal ou Amar Saadani autonome du chef de l'Etat au point de s'autoriser à spéculer sur ses intentions ? Seuls ceux qui tiennent encore à la fiction que rien n'a été tranché au sommet du Pouvoir algérien pour ce qui est de l'échéance présidentielle. Or, tous les signaux qu'émet derniers temps le Pouvoir tendent à démontrer le contraire.

Un Premier ministre et son gouvernement ayant à l'évidence engagé une précampagne électorale, les partis acquis à un quatrième mandat pour Bouteflika en faisant de même, n'est-ce pas le signe qu'ils ont reçu instruction d'agir de la sorte ? Non, Abdelmalek Sellal et Amar Saadani ne sont pas des élucubrateurs qui avanceraient des faits relevant de la seule décision du chef de l'Etat sans avoir été instruits pour le faire. Il a été dit la même chose sur Abdelaziz Belkhadem quand il faisait des annonces allant à contre-courant de ce que les cercles algérois prêtaient comme intentions au Pouvoir. Il a été prouvé que Belkhadem n'avait été en ces occurrences que le « porte-voix » du président lequel a effectivement concrétisé ensuite et au moment choisi par lui ce que le premier a mis en avant.

C'est la même stratégie de communication sur les intentions du Pouvoir qui est poursuivie pour ce qui a trait à l'élection présidentielle.

Sauf à se condamner à rester engluée dans le faux débat de savoir si le Pouvoir a arrêté ou non ses intentions pour l'élection présidentielle dont l'échéance se rapproche, la classe politique doit cesser de se focaliser sur cette question et se mobiliser pour l'essentiel qui est comment contraindre ce Pouvoir à organiser une élection présidentielle aux normes de la démocratie et dans le respect de la volonté populaire librement exprimée. La participation éventuelle, par avance décriée par des segments de cette classe politique, n'est pas le problème pour peu que ces normes balisent l'élection présidentielle. En leur absence, Bouteflika ou tout autre candidat de substitution qu'adoubera le Pouvoir se joueront de leurs concurrents qui auront beau faire campagne sur la faillite du bilan de gouvernance des quinze années écoulées, mais se heurteront en définitive à des urnes dont les résultats, évidemment décidés à l'avance, contrediront leurs analyses critiques. La question est de savoir quel enjeu la classe politique opposée à Bouteflika et au Pouvoir voit dans la prochaine élection présidentielle.

Est-ce celui uniquement d'empêcher Bouteflika de briguer un quatrième mandat, ou d'en faire le rendez-vous électoral qui concrétiserait la rupture totale et radicale avec les pratiques électorales qui reconduisent le système antidémocratique sous lequel vit l'Algérie depuis son indépendance ?