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Au chevet du Mali des fées bien malintentionnées

par Kharroubi Habib

Le Mali soulagé de l'épée de Damoclès qui a faillimettre en péril son existence en tant que nation ayant consisté en la présence sur son territoire des bandes armées liées au courant djihadiste international et aux réseaux narcotrafiquants, n'en est pas pour autant stabilisé et en mesure d'appliquer l'agenda politique que lui ont fixé «les amis» qui ont volé à son secours pour écarter la menace mortelle que ces bandes armées ont fait peser sur son intégrité nationale. Cet agenda pour aussi justifié qu'il soit dans son principe pèche toutefois par son côté irréaliste concernant les délais fixés à l'Etat malien pour son application.

Le danger de sa désintégration que les groupes armés ont représenté pour l'Etat malien s'est certes éloigné conséquence de l'intervention militaire française appuyée par les contingents subafricains fournis par le Tchad et les Etats membres de la CEDEAO. Mais au plan sécuritaire la situation dans le pays est encore loin de permettre aux autorités de Bamako de se prévaloir de sa maîtrise pour envisager d'organiser d'ici à fin juillet les élections présidentielle et législatives telles que fixées par l'agenda politique auquel il leur est demandé de se conformer. A cela s'ajoute que parmi les forces politiques maliennes censées être concernées par l'application de cet agenda, une majorité en conteste le «timing» qu'on veut leur faire respecter. Non sans raison puisqu'elles lui opposent l'argument que des élections présidentielle et législatives organisées à la «va-vite» tel que le veulent la France et d'autres Etats qui se sont penchés au chevet du Mali sont impossibles à tenir à moins que l'on ait accepté qu'elles ne débouchent sur des consultations électorales dont seront exclues des forces politiques et des populations maliennes pourtant constitutives de la nation et de ce fait écartées de la participation à la refondation de l'Etat malien objectif décrété fondamentalement prioritaire de l'agenda politique.

C'est pourtant ce à quoi sont sommées les autorités de la transition du Mali dont tout le monde sait qu'elles sont dans l'impossibilité d'organiser à courte échéance des élections sur la base d'un consensus national inclusif de l'ensemble partisan, ethnique et communautaire national et réunissant les conditions d'être démocratiques et transparentes. Pour les contraindre, la «communauté internationale» a fait miroiter au pays une aide financière massive qu'elle subordonne à la mise en place dans les délais impartis d'institutions et d'autorités nationales légitimées par le suffrage universel. A croire que cette «communauté internationale» les incite finalement à lui donner le change d'une refondation de l'Etat malien quitte à ce qu'elle soit bâclée.

Le timing fixé à l'application de l'agenda politique malien est d'inspiration française. Paris est en effet la capitale qui a fait le forcing pour qu'il soit imposé bien que sachant que c'est là une gageure qui ne peut être tenue par les autorités de la transition du Mali auxquelles échappe le contrôle de l'ensemble du territoire et dont l'Etat qu'elles dirigent est totalement déliquescent.

Si le délai de fin juillet est irrévocablement fixé pour les élections annoncées, il se produira au Mali des mascarades électorales dont les conséquences risquent de se révéler fatales pour l'unité et l'intégrité territoriale du Mali. Il en découlera alors que ce pays implosera et sa population qui vit déjà les affres de la misère la plus noire sera confrontée au dénuement et à l'abandon absolus. C'est la façon la plus insidieuse de faire accepter une reconquête néocoloniale du Mali et de faire main basse sur les prometteuses ressources naturelles qu'il recèle. C'est le destin que lui ont secrètement assigné ceux pour qui ces ressources naturelles sont une convoitise qu'ils veulent cyniquement assouvir.