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Algérie, la nouvelle donne

par Kharroubi Habib

L'annonce samedi de l'hos pitalisation du chef de l'Etat victime, selon les termes du communiqué officiel, d'un « accident ischémique transitoire sans séquelles », puis celle de son transfert à l'hôpital français du Val-de-Grâce pour y subir « des examens complémentaires » ont suscité l'émoi dans le pays. D'autant qu'elles se sont accompagnées par la propagation de rumeurs infirmant la teneur rassurante du communiqué officiel dont les auteurs ont présenté l'état de santé du président comme n'occasionnant «aucune inquiétude».

Les annonces et les rumeurs qui les ont suivies ont soulevé chez les citoyens la question de savoir si après ce nouvel accident de santé leur président va pouvoir reprendre normalement ses fonctions et achever la dernière année de son troisième mandat. Beaucoup qui peu avant ce nouvel accident le voyaient apte à briguer un quatrième mandat malgré les évidentes séquelles sur son état physique provoquées par sa maladie en 2005, en sont à douter maintenant qu'il puisse aller au bout de son actuel mandat.

Il est irrécusable que le nouvel ennui de santé du chef de l'Etat oblige à s'interroger sur ses capacités à continuer à diriger le pays. A l'homme, il faut bien entendu en cette circonstance souhaiter le meilleur pour sa santé. Mais de l'homme d'Etat qu'il est, il reste à espérer qu'il comprenne avec lucidité que le moment est venu pour lui de passer la main dans des conditions sereines et démocratiques.

S'il surmonte son problème de santé, Bouteflika devra accélérer le processus de révision constitutionnel mais surtout veiller à ce que son contenu réponde aux attentes populaires d'un Etat régi par les normes du droit et de la démocratie et obéissant au respect de la souveraineté du peuple. Les inquiétudes que soulève son accident de santé doivent lui faire prendre conscience que c'est la seule façon pour lui de rendre aux Algériens la confiance en leur Etat et en l'avenir du pays. Ceux dont cette perspective dérangerait les calculs politiques et de pouvoir souhaitent évidemment que son ennui de santé présent se traduise immédiatement par son écartement de la direction des affaires du pays avec l'occasion pour eux de rejouer aux « faiseurs de roi ».

La problématique de la succession de Bouteflika se pose désormais avec acuité et pour le court terme. Il s'agit pour les Algériens que la solution des « faiseurs de roi » ne s'impose pas. Pour cela, il leur faut s'impliquer dans le débat de savoir quoi faire pour que l'échéance de l'élection présidentielle ne soit pas encore un nouveau rendez-vous raté pour le pays.

La situation du pays, les contextes régional et international dans lesquels il évolue font que des menaces s'accumulent au-dessus de lui dont il ne pourra se prémunir qu'en préservant son unité et sa stabilité nationales. Cela en barrant la route aux desseins des « faiseurs de roi » en les contraignant au respect de la souveraineté du peuple à laquelle il faut permettre de s'exprimer sans contrainte, en toute démocratie et dans la transparence.





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