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L'amitié sélective des «amis du peuple syrien»

par Yazid Alilat

L'ONU et les organisations humanitaires qui tentent de venir en aide aux centaines de milliers de réfugiés syriens qui croupissent dans des camps dans les pays frontaliers du leur ne cessent de quémander de l'aide financière pour faire face à la situation. Les «amis du peuple syrien» qui ne manquent pas d'argent pour fournir de l'armement à l'opposition armée syrienne font la sourde oreille à ces appels de détresse. Le Qatar et l'Arabie Saoudite «amis du peuple syrien» des plus opulents parmi les soutiens de cette opposition armée syrienne consacrent des milliards de dollars à son approvisionnement en armes, mais ne voient pas dans quelle détresse humanitaire sont les Syriens qui s'entassent dans les camps de réfugiés en Turquie, en Jordanie et au Liban pour ne citer que ces trois pays limitrophes de la Syrie.

L'indifférence cynique dont font montre les «amis du peuple syrien» à l'effroyable situation à laquelle sont confrontés les réfugiés est révélatrice de la nature de leur «amitié». Elle ne s'encombre pas de considérations humanitaires. Le Qatar et l'Arabie Saoudite n'ont aucune compassion pour ces Syriens qui au lieu de s'enrôler dans les rangs de l'opposition armée qu'ils entretiennent ont fui leur pays où la population est tragiquement prise dans l'étau des exactions aveugles commises par les deux camps qui s'affrontent.

La France et la Grande-Bretagne font le pressing pour que s'amplifie la fourniture internationale d'armes aux combattants syriens anti-régime. On ne les entend pas en faveur des réfugiés syriens. La tragédie qui se déroule dans les camps de réfugiés n'est pas une préoccupation pour ces Etats qui se targuent de sensibilité aux drames humanitaires. Les pathétiques appels à l'aide que lancent avec insistance l'ONU et les organisations humanitaires restent sans écho ou du moins en deçà des besoins pour faire face à la situation des Syriens qui s'entassent dans les camps de réfugiés. Le pire est qu'elle va en empirant car la guerre civile en Syrie s'étant inscrite dans la durée et sa violence s'amplifiant dramatiquement, le flux de réfugiés fuyant le pays s'accroît massivement.

Plus d'un million de Syriens ont fui le pays pour les Etats voisins qui pour la plupart n'ont pas les ressources financières pour les prendre en charge et leur fournir le minimum vital. Des centaines de Syriens sont tués chaque jour dans leur pays. Ceux qui sont cause de ces massacres ne manquent pas d'armements que leurs alliés étrangers leur fournissent en abondance. Les réfugiés qui ont la chance d'avoir échappé à ce funeste sort sont certes vivants mais confrontés à une précarité dont les organisations qui tentent de les en soulager redoutent qu'elle se traduise par une «catastrophe» humanitaire de grande dimension.

Les «amis du peuple syrien» se démènent en faveur de l'opposition armée. Pourquoi ne mettent-ils pas la main à la poche pour fournir aux réfugiés d'une guerre où leur responsabilité est engagée l'assistance humanitaire que sollicitent vainement pour eux l'ONU et les bénévoles effarés par l'indifférence internationale ?