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Un sondage qui révèle qu'Israël n'est pas prêt A Faire La Paix Avec Les Palestiniens

par Kharroubi Habib



Un récent sondage effectué en Israël dont des médias ont publié le résultat a révélé que les deux tiers de la population israélienne sont opposés à la création en Cisjordanie d'un Etat palestinien même désarmé. En somme que la majorité écrasante de cette population rejette le principe de la solution de deux Etats au conflit israélo-palestinien. Voilà qui fait justice de l'accusation qui rend les Palestiniens responsables de l'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix.

Le sondage établit en tout cas que Benyamin Netanyahu et la coalition de droite et d'extrême droite qui gouvernent le pays n'imposent pas en la matière une politique que la société israélienne désavoue. Elle leur vaut au contraire son appui malgré le mécontentement très fort suscité par le programme économique et social suivi par le gouvernement sortant qui est l'émanation de cette coalition et dont les effets sont la hausse du chômage et l'aggravation de la pauvreté en Israël même pour les couches moyennes. En dépit donc de cette donne économique et sociale qui aurait pu la pénaliser, la coalition de droite et d'extrême droite est donnée largement favorite aux élections législatives anticipées parce que les électeurs se reconnaissent dans son intransigeance à ne pas céder sur le refus de la création d'un Etat palestinien.

C'est tout naturellement sur le thème de ce rejet et du dossier de la crise du nucléaire iranien, l'autre source d'appui au sein de la population, dont elle est certaine d'en bénéficier, que la coalition de droite et d'extrême droite a axé sa campagne électorale et relégué ainsi à l'arrière-plan la donne économique et sociale du pays. Benyamin Netanyahu et sa coalition ont préparé le terrain électoral en redoublant d'intransigeance à l'égard des Palestiniens sous la forme de mesures visant à accroître l'implantation et l'extension de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ainsi qu'à étouffer économiquement et financièrement l'Autorité et les territoires palestiniens. Ce à quoi ils sont en train de parvenir au point que Mahmoud Abbas menace désormais de «dissoudre» l'Autorité palestinienne qu'il préside.

Pour Benyamin Netanyahu et sa coalition, la surenchère qu'ils font dans le rejet de la solution à deux Etats n'est pas d'ordre de la tactique électoraliste, mais une politique qu'ils continueront à suivre s'ils restent au pouvoir après le 22 janvier comme le leur prédisent les sondages. Quand force est de constater qu'en Israël se conjuguent un état d'esprit populaire franchement hostile à la création d'un Etat palestinien et la présence au pouvoir d'une coalition déterminée à faire avorter le projet, comment peut-on encore demander aux Palestiniens de reprendre le dialogue avec Israël ? Sur quelle base le feront-ils du moment que la solution de deux Etats fait la quasi-unanimité contre elle parmi les Israéliens ?

Pour faire bouger les lignes sur la question palestinienne, il faut que la communauté internationale fasse comprendre à l'Etat hébreu que la solution du conflit n'est plus du ressort d'un tête-à-tête israélo-palestinien, mais de sa responsabilité à elle dont elle doit manifester la détermination en mettant fin à l'impunité qui encourage cet Etat à la défier en se plaçant au-dessus de la légalité internationale. Qu'elle comprenne bien cette communauté internationale que la menace de «dissolution» de l'Autorité palestinienne proférée par Mahmoud Abbas n'est pas simple aveu d'impuissance de sa part. Mais l'avertissement que le statu quo dans le conflit dont Israël tire profit pour rendre impossible la création d'un Etat palestinien viable n'est plus supportable pour les Palestiniens et les conduit à ne plus compter sur la voie du dialogue et de la négociation pour faire avancer leur cause nationale.

L'extrémisme l'a emporté en Israël sur la question d'un Etat palestinien. Il nourrit chez les Palestiniens l'influence de ceux qui cultivent le même état d'esprit à l'égard de l'entité israélienne qui occupe leurs territoires et leur ferme l'espoir de tout avenir national en les empêchant de créer leur propre Etat.