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Le FFS, un cas à part sur la scène politico-partisane

par Kharroubi Habib

Qu'ils soient d'accord ou non avec les idées politiques qu'il prône et les positions qu'il prend, les Algériens n'affichent pas d'indifférence à l'égard du Front des forces socialistes (FFS). L'intérêt qu'il suscite, il le doit bien sûr à l'aura de son fondateur Hocine Aït Ahmed, l'un des 9 « historiques » qui ont été la cheville ouvrière du 1er Novembre 1954. Mais aussi à la constance de son combat pour la démocratie, le respect des droits de l'homme et la liberté d'expression et d'opinion. Une constance qui ne s'est pas démentie malgré la répression dont ses militants ont été l'objet au long de ses quarante-neuf ans d'existence.

Depuis sa légalisation après 88 et même avant, le FFS a été confronté à des frondes internes et à des défections dont ses adversaires s'empressaient de tirer la conclusion qu'elles étaient annonciatrices de sa mort politique prochaine. Il en a été ainsi après la plus récente qui a ébranlé ses rangs suite à la décision controversée prise par sa direction nationale de faire participer le parti aux élections législatives de 2012 dont il avait boycotté le précédent scrutin. Il est vrai que la qualité de certains des contestataires de cette décision, d'ex-responsables de premier plan du parti dont d'ex-premiers secrétaires mêmes a fait envisager aux observateurs que le FFS allait à l'implosion. La fronde a certes provoqué des remous mais n'a nullement fait dévier la direction du parti de la ligne qu'elle lui a fixée et n'a pas entraîné de rupture fatale entre ses dirigeants et la base militante.

Il semble au contraire que la décision du FFS d'aller aux élections lui a valu un surcroît d'engagements militants et de sympathie électorale et pas seulement dans ses fiefs traditionnels que sont la Kabylie et le reste du centre du pays. Une dynamique qui bat en brèche la réputation de parti « régionaliste » que le pouvoir et ses relais politiques et médiatiques lui ont collé avec leur propagande sur le thème et que le FFS entend capitaliser à l'occasion des élections communales et de wilaya. Scrutin auquel il va participer avec un nombre de listes qui le place parmi les formations partisanes qui ont pu être représentées dans le plus grand nombre de wilayas du pays. Ce qui prouve que cette dynamique positive pour le FFS existe bel et bien, malgré les entraves qu'il a eu à surmonter en certains lieux du territoire national pour confectionner ses listes de candidatures. De la tracasserie bureaucratique jusqu'aux menaces insidieuses ou franchement proférées contre des candidats à la candidature persistant à concourir sous la bannière du FFS.

Il est clair que pour la direction du FFS qui a vu se constituer contre elle un mouvement de fronde antiparticipationniste le score électoral que va réaliser le parti dans le rendez-vous du 29 novembre est d'une importance cruciale. S'il confirme la sortie du parti du « ghetto électoral » où il a été sournoisement confiné, ce sera le succès de la ligne qu'elle lui a imprimée. A l'inverse, si le FFS ne se distinguera que dans ses fiefs traditionnels, cela ne fera qu'apporter de l'eau au moulin de ses détracteurs.

Quoi qu'il en soit, le FFS a été et restera un cas à part sur la scène politico-partisane nationale. Et c'est ainsi que le voient les Algériens, même ceux qui ne sont d'accord ni avec ses visions politiques ni avec son programme. Un cas à part qui a forcé le respect.