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Le TAJ boudé par les autres formations partisanes

par Kharroubi Habib

L'ouverture jeudi des assises du congrès constitutif du parti  TAJ fondé par le ministre des Travaux publics Amar Ghoul a permis de constater : primo que les organisateurs ont péché par excès d'optimisme en pensant pouvoir remplir la coupole du complexe sportif Mohamed Boudiaf de militants et sympathisants pour la cérémonie inaugurale. Secundo qu'il n'y avait pas foule d'invités représentants d'autres partis, ou des organisations de la société civile.

C'est devant une salle à moitié vide qu'Amar Ghoul a prononcé son premier discours en tant que président fondateur du nouveau parti. Un parterre donc quantitativement beaucoup moindre que ce que le staff organisateur avait déclaré attendre. Alors ou le lancement du TAJ n'a finalement pas provoqué l'engouement attendu par ses fondateurs, ou ces derniers ont dû réviser à la baisse la participation aux assises constitutives pour ne pas être confrontés à une affluence ouvrant la voie à de compromettantes présences susceptibles de ternir l'image de formation fermée à l'opportunisme et au nomadisme politique qu'ils ont voulu donner du parti.

Concernant l'absence d'invités de marque étrangers au TAJ, il est difficile de croire qu'elle aurait été due à la volonté délibérée des organisateurs du congrès de déroger à la tradition protocolaire en usage pour cette sorte d'événement qui est d'adresser à d'autres formations politiques des invitations à honorer de leur présence la séance inaugurale. Force est donc de conclure qu'à l'exception notable du RND qui s'est fait représenter par le ministre de l'Industrie Chérif Rahmani et le sénateur Seddik Chihab, les autres partis ont boudé l'invitation d'Amar Ghoul. Qu'en déduire sinon que la création du TAJ n'a pas suscité beaucoup de sympathie dans le monde partisan.

A tort ou à raison, certaines formations ont vu dans l'initiative d'Amar Ghoul une opération dirigée contre elles. C'est le cas du MSP duquel Amar Ghoul a démissionné pour aller fonder le TAJ entraînant à sa suite un nombre significatif de cadres et militants MSP. C'est le cas aussi des autres formations du courant islamiste qui soupçonnent le ministre des Travaux publics d'avoir accepté la mission d'accentuer l'émiettement partisan de leur courant politique. Pour le FLN de Belkhadem, la création du TAJ n'a pas eu pour effet de la lui faire voir avec sympathie. Les partisans de Belkhadem l'ont en effet décodé en tant que manœuvre destinée à propulser Amar Ghoul au statut de candidat «du consensus» éventuellement à la prochaine élection présidentielle au détriment de celle de leur chef de file.

Il y a enfin que le TAJ suscite un peu partout la méfiance pour la raison que ses fondateurs n'ont pas fait mystère qu'il est ouvert à toutes les sensibilités acceptant de s'y côtoyer sans préjugés les unes pour les autres et à seule fin de «travailler ensemble à l'intérêt de l'Algérie». Une vocation «d'attaque tout» qui n'est pas sans inquiéter certaines formations dont les bases militantes sont sensibles aux appels des sirènes, dès lors que ces appels leur semblent venir d'acteurs politiques bénéficiant d'appuis souterrains en puissance de dispenser privilèges, promotions et prébendes en contrepartie de leurs adhésions.

La place et le poids qu'aura le TAJ sur l'échiquier politique se vérifieront très prochainement à l'occasion de l'échéance électorale des locales en novembre prochain.