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Retour ou pas à «l'Etat FLN» ?

par Kharroubi Habib

La «performance» électorale du FLN l'autorise théoriquement à revendiquer pour lui la présidence de l'Assemblée, le Premier ministère et, pourquoi pas, de gouverner seul, sans s'embarrasser d'alliés dont les soutiens ne lui sont nullement indispensables et qu'il sait susceptibles de se retourner contre lui à la moindre occasion. Le cavalier seul et le «trustage» des postes de commande des institutions de la République font évidemment rêver les gens du FLN, qui n'osent cependant en exiger la réalisation.

De ce que l'ex-parti unique va faire de sa victoire ne se décide pas en son sein, au niveau de ses instances dirigeantes. C'est le chef de l'Etat qui tranchera pour lui. Or, il n'est pas certain qu'un retour à un «Etat tout FLN» fasse fantasmer dans les rangs du parti, soit l'échafaudage politique que Bouteflika chercherait à mettre en place. Pour la raison qu'il a sans aucun doute conscience que la «victoire» électorale du FLN n'efface pas la réalité que l'immense majorité ne veut pas de ce retour. D'où pour lui la nécessité d'imposer à l'ex-parti unique un partage dosé des postes de commande avec d'autres forces politiques dont les ralliements à la majorité présidentielle sont indispensables pour en faire un ensemble pluriel plus représentatif de la diversité politique existante dans la société algérienne.

A en croire ce qui se dit dans les milieux censés être bien informés des desseins présidentiels, ce partage est au cœur des tractations que télécommanderait le chef de l'Etat ayant pour but de convaincre certaines formations à intégrer l'alliance présidentielle. Parmi elles, «l'alliance verte», ou du moins le MSP, sa composante prédominante. A ce parti il aurait été promis, semble-t-il, la présidence du perchoir de l'Assemblée nationale. Pas pour n'importe lequel de ses élus mais pour Amar Ghoul, dont la performance électorale dans la capitale a indéniablement prouvé qu'il jouit d'une popularité que le pouvoir entend mettre à son service. Une présidence du Sénat occupée par un représentant du RND, Abdelkader Bensalah en l'occurrence, celle de l'APN dévolue à un MSP. Un Premier ministère FLN apparaîtrait alors moins émaner de la volonté monopolisatrice de ce parti, surtout si la composante du gouvernement qui va être formé fera place à des ministres issus d'autres formations que du trio partisan à l'origine de l'alliance présidentielle d'avant le 10 mai.

Bien que cela ne soit évidemment que spéculation bâtie sur des intentions prêtées au chef de l'Etat, il n'en demeure pas moins que ce dernier, après avoir promis l'ouverture et le changement, doit faire l'acte fort établissant qu'il est toujours dans cette détermination. Des institutions toutes sous la coupe du FLN, ce ne sera évidemment pas le bon signal attendu de lui.

Malgré sa «victoire électorale», l'ex-parti unique est considéré à juste titre comme partisan du statu quo politique dont les Algériens ne veulent plus. Peut-être que Bouteflika pense l'avoir rendu perméable à la notion du changement, ou du moins avoir barre sur lui pour la lui imposer.