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Un taux et des résultats qui laissent perplexes

par Kharroubi Habib

Les polémiques et controverses allumées par les résultats officiels du scrutin de jeudi ne s'éteindront pas de sitôt. L'on discutera longtemps encore sur la véracité ou pas du taux de participation proclamé officiellement par les autorités et sur les scores attribués aux listes de candidats.

Le camp qui en conteste la véracité et celui qui estime qu'ils reflètent réellement ce qui s'est passé dans le secret des isoloirs s'arcqueboutent sur des arguments et des démonstrations qui ont tous un fond de vérité, d'où pour le citoyen ordinaire la difficulté de se faire une opinion irrévocable sur le rendez-vous électoral qu'a vécu l'Algérie ce 10 mai.

Pour le premier, la manipulation et la fraude ne font aucun doute. Le taux de participation de près de 43% et les scores attribués aux concurrents en lice sont irrecevables pour les tenants de la thèse du scrutin « bidouillé ». Ils soutiennent en effet que le taux de participation a été surévalué et les scores distribués en des fourchettes n'ayant rien à voir avec ce qui s'est exprimé dans les urnes. Pour le second, le scrutin se serait déroulé dans une régularité qui ne prête pas à la remise en cause de ses résultats et aurait connu une affluence électorale qui rendrait crédible le taux de participation proclamé officiellement.

Tandis que dans le pays la polémique enfle, à l'étranger, les premières réactions aux résultats du scrutin font part de satisfactions mesurées sur ce qui s'est produit en Algérie. Paris, Madrid et Doha ont été les premières capitales à s'exprimer pour faire savoir qu'elle n'ont rien à redire sur la transparence et la régularité du scrutin et pour souhaiter que l'Algérie poursuive le processus engagé de la réforme démocratique de son système politique. Ces réactions sont pour le pouvoir un motif de réjouissance, car l'autorisant à croire qu'il est acquit un regain de crédibilité à l'international.

Mais que résultera-t-il de ce scrutin en Algérie même, qui a été boudé par plus de la moitié de l'électorat et dont les résultats sont fortement contestés ? Il n'ouvre pas, c'est le moins que l'on puisse dire, la voie à une vie politique apaisée. Des frustrations politiques sont venues s'ajouter à celles sociales qui secouent avec récurrence le pays. La nouvelle configuration politique qu'il a dessinée nous semble loin de coller à la réalité algérienne. La victoire du courant républicain et nationaliste est trop écrasante, au point de susciter des questionnements perplexes, pour ne pas dire incrédules au sein même de ceux qui en ont rêvé. Par son ampleur vraie ou « surboostée », elle a en tout cas fait l'effet d'une douche froide pour tous les partisans de la sortie du « statu quo » politique sous lequel l'Algérie vit depuis plus d'une décennie et en demande d'un changement qui devient difficilement envisageable avec la reconduction de l'Alliance présidentielle, à laquelle s'en tiendront le FLN et le RND, les deux gagnants supposés du scrutin.

Daho Ould Kablia a été un peu trop optimiste et un tantinet provocateur en claironnant que le scrutin du 10 mai a été le rendez-vous d'une fête de la démocratie en Algérie.