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L'indépendance du Sahara Occidental, objectif conforté par le «printemps arabe»

par Kharroubi Habib

La 9e réunion informel le entre le Front Polisario et le Maroc a  pris fin mardi dernier à Manhasset (New York) sans aucune avancée majeure. Son issue était prévisible, du moment que les deux parties ont campé sur leurs positions diamétralement opposées. Des puissances étrangères, les Etats-Unis et la France notamment, n'ont pas peu contribué à l'impasse des discussions en se déclarant, la veille de cette neuvième réunion, favorables à la proposition marocaine d'autonomie au Sahara Occidental, la jugeant réaliste et à même de mettre fin au «statu quo» dans lequel se trouve le conflit sahraoui. Des déclarations et prises de positions voulant forcer la main au Polisario pour l'amener à renoncer à la solution de l'autodétermination permettant au peuple sahraoui de décider librement de son destin. Paris est allé même jusqu'à considérer que «le Polisario reste figé dans des attitudes dignes de la guerre froide et reste insensible à la nouvelle donne maghrébine», créée, selon le porte-parole du Quai d'Orsay, par le «printemps arabe».

 Etrange lecture que font les officiels sur ce «printemps arabe». Si les bouleversements qui ont lieu au Maghreb et dans le Monde arabe sont d'essence démocratique et visant à l'instauration des droits de l'homme et des peuples, et c'est ainsi que les officiels occidentaux disent les percevoir, alors la revendication des Sahraouis du droit à l'autodétermination s'inscrit incontestablement dans leur dynamique. Ce n'est pas le Polisario en l'occurrence qui est à contrecourant du vent libertaire qui souffle sur la région, mais le Palais royal et le Makhzen qui rament dans ce sens.

 Washington et Paris font preuve d'un cynisme choquant quand, dans le même temps, ils appuient la thèse marocaine de l'autonomie du Sahara Occidental et déclarent soutenir l'action du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel, Christopher Ross, pour que les parties parviennent à une solution politique conformément aux résolutions de l'ONU et de son Conseil de sécurité. Résolutions qui, à ce que l'on sache, ont systématiquement prôné la solution du recours au processus référendaire dans le conflit sahraoui. Si, dans ce conflit, l'une des parties est responsable de l'impasse dans laquelle il est enlisé, c'est la marocaine, car encouragée à persister dans le déni intransigeant du droit pour les Sahraouis à se décider librement par les encouragements à s'en tenir que lui prodiguent les deux grandes puissances dont il est question.

 «Le printemps arabe» a effectivement créé une nouvelle donne au Maghreb, qui ne s'est pas totalement décantée en ce qui concerne le Maroc. D'autres développements sont à attendre dans ce pays, dont la monarchie est loin d'avoir répondu aux demandes de changement qu'à exprimées la société marocaine. Des demandes qui, s'imposant, feront que la question sahraouie sera appréciée sous un tout autre éclairage que celui adopté présentement par le Palais royal et le Maghzen. A savoir que le droit du peuple sahraoui à vivre libre est indissociable des libertés auxquelles le peuple marocain aspire. Quand cette jonction se réalisera, il sera alors possible aux peuples du Sahara Occidental et du Maroc d'envisager la construction entre eux d'un ensemble démocratique, prospère et stable s'intégrant dans un grand Maghreb de même nature.