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L'alliance verte ne suscite que sarcasme et ironie

par Kharroubi Habib

La création de « l'alliance verte », coalition partisane regroupant les trois partis islamistes que sont le MSP, El-Islah et Ennahda, n'a pas l'effet d'entraînement qu'en ont escompté ses promoteurs. Les réactions à cette création et aux invites lancées par le trio initiateur à d'autres formations à la rejoindre vont en effet de la déclinaison polie à la fin de non-recevoir, enrobée d'appréciations à la fois acerbes et ironiques sur l'inconsistance de l'initiative.

 Abdallah Djaballah est le plus franchement éreintant dans l'exercice de démonétisation de l'opération politique réunissant le MSP, El-Islah et Ennahda. Trois formations à qui l'opposent d'anciens et irréductibles contentieux politiques et doctrinaux. Pour lui, la cause est entendue : il n'est pas question de faire alliance avec ces partis dont le dénominateur commun est qu'ils sont dans la soumission au pouvoir et auquel ils attribuent le cinglant qualificatif de « partis de l'Inbitah ». Moins abruptement, Mohamed Saïd, dont le parti, le PLJ, a également été approché par le trio, a lui aussi décliné l'offre en faisant valoir que sa formation se préoccupe d'abord de se construire et d'élargir sa base et qu'une initiative ou proposition de ce genre ne sera étudiée qu'après l'échéance des législatives. La nouvelle alliance a de même essuyé le refus exprimé par Abdelmadjid Menasra au nom de la formation qu'il préside et qui se trouve être dans une rivalité inexpugnable avec le MSP, auquel ont appartenu ses membres fondateurs.

 Telle qu'elle se voit confinée à son trio créateur, « l'alliance verte » fait piètre figure et ne constitue nullement la machine électorale censée devoir provoquer la «vague verte» qu'il escompte pour arriver au pouvoir.

 Bouguerra Soltani, qui est le véritable chef d'orchestre de cette « alliance verte », entretient l'illusion qu'elle est apte à créer l'évènement électoral, en dépit du manque d'engouement qu'elle suscite dans la mouvance islamiste. C'est qu'il joue le sort du MSP et le sien propre. Tous les indicateurs sont défavorables au président du MSP et à sa formation. Les partenaires auxquels ils se sont alliés ne sont pas dans une situation plus reluisante.

 Les observateurs, qui voient dans leur alliance une « tentative désespérée » de faire mentir les pronostics leur prédisant la déroute électorale, appuient leur point de vue en faisant valoir que le MSP, qui est censé être la locomotive de leur coalition, est dans l'impossibilité de se refaire une virginité uniquement en ayant quitté l'alliance présidentielle, après avoir cautionné et participé pendant près d'une décennie aux dérives de la gouvernance pratiquée au nom de cette alliance.

 Quant à El-Islah et Ennahda qui lui sont associés, ils ne sont que des coquilles vides dont les chefs ont été mus eux aussi par l'ambition et l'opportunisme individuels qui les ont rendus inaudibles et infréquentables au sein du courant islamiste.

 Pour exorciser les mauvais présages qui s'amoncellent au-dessus du MSP, Soltani fait dans la surenchère de critiques. Mais qu'il durcisse le ton de son discours électoraliste ou qu'il radicalise ses prises de position anti-système et pouvoir, il s'agitera en vain en fait, car l'entrisme sans vergogne dans lequel il a impliqué le MSP a définitivement dévoilé la face opportuniste et sans principe qui est la vulgate politique du MSP, de lui-même et des cadres du parti qui s'y accrochent encore.