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2011 marquée du sceau de la protesta sociale

par Kharroubi Habib

L'année 2011 en Algérie res tera dans les annales com me celle de la protestation sociale « non-stop ». De janvier à décembre, le pays aura en effet été agité sans discontinuité et en tous lieux par des manifestations de ce genre. Durant toute l'année donc, l'Algérie a vécu au rythme de la protesta sociale exprimée de façon aussi bien violente comme cela a été le cas des émeutes de janvier, que pacifique à travers la multitude de grèves, marches et sit-in initiés et encadrés par les syndicats autonomes et autres acteurs sociaux.

2011 a été tellement marquée du sceau de la contestation sociale que même l'UGTA, pourtant sage et docile, est sortie de son apathie pour prendre le train de la revendication sur ce terrain. Il n'est pas d'ailleurs banal que l'une des dernières agitations sociales qui a ponctué ce mois de décembre finissant l'année 2011 soit le fait de cette organisation syndicale. Même si l'initiative de l'organisation que préside Sidi Saïd est sujette à caution sur les motifs qui l'ont suscitée, cela n'empêche pas d'en tirer la conclusion que le mécontentement social en Algérie est à ce point irrépressible que même cette centrale a dû renoncer à prêcher contre vents et marées la politique de la « paix sociale » qui ne profite qu'aux tenants du pouvoir. 2011 a permis de constater que l'Algérie n'est pas ce pays dont les citoyens seraient béatement satisfaits de leur sort et de la façon dont leurs dirigeants les gouvernent ainsi que la propagande officielle s'échine à en convaincre.

Mais le bouillonnement social dont elle est le théâtre n'a pas débouché sur une révolte du genre de celles qu'ont connues la Tunisie et la Libye voisines ou l'Egypte, le Yémen et la Syrie plus lointains. Au grand dam de ces « analystes » et autres « experts » qui en France se sont hâtivement avancés à prédire pour elle une inéluctable explosion de même nature. Que cela ne se soit pas produit bouscule leurs certitudes et les contraint à des raisonnements spécieux dégoulinant de haines masquées à l'endroit de l'Algérie et des Algériens. Pour autant il faut s'en convaincre, ils ne renonceront pas aux « fantasmes » qu'ils entretiennent et poursuivent concernant l'Algérie. C'est pourquoi ceux qui chez nous s'accrochent à la fadaise d'une « exceptionnalité » de l'Algérie la mettant à l'abri de l'explosion du genre tunisien, égyptien ou libyen, font dans l'inconscience. Tout sera fait, tenté pour entraîner l'Algérie à récidiver chez elle ce qui s'est passé ailleurs dans le monde arabe.

Ce que le pouvoir croit avoir engagé de réformes politiques pour préserver l'Algérie contre ce basculement, est au contraire la voie qui y conduit. Tant il a été guidé dans sa démarche par la croyance ancrée dans l'esprit de ses détenteurs que les réformes politiques sont choses trop importantes pour associer le peuple à leur réflexion. Or s'il est une revendication sur laquelle les Algériens ne cèderont plus, c'est celle de ne plus être considérés comme une simple masse de manœuvre à laquelle l'on fait entériner tous les méandres qu'emprunte la politique officielle de leurs dirigeants. Le changement est à l'ordre du jour en Algérie, la seule question se posant à son sujet est celle de savoir s'il interviendra de façon ordonnée et donc paisible ou dans la violence qui s'est produite ailleurs dans le monde arabe. Pour une grande part, c'est le pouvoir qui détient la clef de l'énigme. Il sera comptable devant l'histoire de ce qui adviendra en Algérie. A cet égard, l'année 2012 sera une année décisive.