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Des garde-fous dont l'efficacité n'est pas garantie

par Kharroubi Habib

La nouvelle loi électorale contient des dispositions qui, respectées, devraient garantir la transparence et la régularité des scrutins à venir dans le pays. Sans être des innovations révolutionnaires, les amendements nouveaux que le pouvoir a introduits vont permettre de mettre en place des garde-fous qui, en théorie, fermeraient la voie à la possibilité de fraudes généralisées comme celles ayant entaché les précédentes consultations électorales.

Cependant, alors que le pouvoir et ses partisans présentent la nouvelle loi électorale comme une avancée décisive sur la voie de la démocratie et du respect de la souveraineté populaire, le reste de la classe politique n'exprime que des sentiments de doute sur l'efficience des dispositions anti-fraude qu'elle contient. Cette réaction du monde politique, hors la majorité présidentielle, est motivée par l'appréhension que le mécanisme de contrôle du bon déroulement des élections ne garantisse en rien que l'administration, qui reste leur organisateur déterminant, s'en tiendra à la neutralité qu'elle est censée observer en ces occasions. L'appréhension n'est pas sans avoir de raisons d'être, tant l'administration est effectivement gangrénée par l'esprit de partialité en faveur des formations et candidats roulant pour le pouvoir en place.

Il revient par conséquent au pouvoir politique, qui s'est engagé à rompre avec la pratique du détournement du vote des citoyens, de convaincre de la sincérité de sa démarche. En procédant par exemple à un changement de gouvernement à l'approche de la prochaine consultation électorale et que l'organisation de celle-ci soit confiée à un staff exécutif sans attaches partisanes. La demande a été expressément formulée par des formations et des acteurs politiques, ce qui dénote qu'ils n'ont aucune confiance quant au respect par l'équipe gouvernementale en place de la stricte observance de la règle de neutralité des pouvoirs publics dans la compétition électorale.

Confier l'organisation des prochaines élections législatives à une équipe sans coloration partisane s'impose, d'autant que cette échéance s'annonce cruciale pour la détermination des véritables rapports de force qui fondent l'échiquier politique réel du pays. L'on ne peut accepter, au vu de leurs enjeux, que les prochaines élections dans le pays se déroulent dans la logique du «joueur-serveur» qui gagne même quand il perd. C'est la pérennité de cette logique que la nouvelle loi électorale n'a pas franchement abolie.

C'est à juste titre donc que des acteurs politiques relativisent la portée d'ouverture démocratique des nouvelles dispositions introduites par le pouvoir dans la loi électorale et mettent en garde qu'elles ne l'empêcheront pas, si besoin est pour lui, de recourir à la fraude.

Il est vrai que le pouvoir en Algérie ne s'embarrasse pas de violer ou d'outrepasser la loi et la légalité quand ses intérêts sont en jeu.

Il appartient tout de même aux forces politiques qui contestent ce pouvoir de ne pas se contenter de déplorer son machiavélisme, mais de mettre à nu la constance de ses pratiques répréhensibles en retournant contre lui la latitude d'action que les nouveaux amendements de la loi électorale leur offrent.