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Question de gouvernance

par Yazid Alilat

La bonne gouvernance est devenue, par ces temps de crise financière mondiale, une panacée à la morosité économique, accompagnée d'un désinvestissement massif. Le Premier ministre, dans son programme économique qu'il a défendu hier devant les élus de la Nation, en est bien conscient.

 D'abord, du fait qu'il a été l'un des artisans de la privatisation des entreprises publiques. C'était, il est vrai, en pleine période d'ajustement structurel (PAS), entre 1994 et 1998. A cette époque, le chef du gouvernement avait les coudées franches pour faire l'impasse sur le social pour ne concentrer ses efforts que sur l'économique. Résultat : vingt ans après, on s'aperçoit que l'industrie nationale ne participe plus à la création de richesses, ne contribue plus à l'amélioration du PIB. Les usines, qui étaient considérées comme des fleurons de l'économie nationale, sont devenues des dépotoirs industriels, avant de disparaître, laissant derrière elles de vagues souvenirs d'une économie centralisée qui procurait confort et aisance financière au pays.

 Aujourd'hui, la manne pétrolière, même si les recettes d'hydrocarbures dépendent de l'humeur du marché international, subvient tant bien que mal aux besoins financiers du pays. Et à alimenter le programme quinquennal 2010-2014 pour que la politique économique et sociale du gouvernement puisse aller à son terme.

 L'économie nationale reste toujours, en dépit des promesses de chaque programme gouvernemental, sous perfusion : elle carbure au gaz et au pétrole, lorsque ailleurs le PIB est porté par les exportations industrielles et agricoles, la bonne tenue du secteur tertiaire et une rentabilité phénoménale des produits bancaires. A la limite, le Trésor dans ces pays n'intervient que pour réguler le bon flux des dépenses publiques et répondre aux demandes de liquidités d'un marché financier dynamique, où les entreprises tiennent leur véritable rôle de moteur de la croissance.

 Le programme du gouvernement prévoit, des années après la destruction des grandes entreprises publiques, l'évaporation des investissements directs étrangers dans un environnement économique de plus en plus coercitif, une hausse dérisoire du PIB industriel de 5 à 10% d'ici 2014.

 La tâche paraît du reste assez difficile, car au même moment, le deal entre le gouvernement et le FCE est resté fragile, même s'il tend à se recomposer. Car la reprise de la croissance industrielle ne sera que chimérique si l'entreprise algérienne reste toujours l'otage d'orientations politiques sans ancrage sur la réalité économique et financière nationale et internationale. Réda Hamiani le sait, Ouyahia également. Reste à concilier entre le patriotisme et l'efficacité économique. Tout un programme.