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L'augure d'une année scolaire studieuse

par Kharroubi Habib

Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a affirmé appréhender avec sérénité l'année scolaire qui débute aujourd'hui. Son optimisme, le ministre affirme le puiser dans la conviction que «l'éducateur algérien est attaché à la noblesse de sa tâche» dans le bilan de l'année écoulée et des réalisations au rendez-vous pour cette année 2010-2011.

 Rassurant donc, Benbouzid a promis aux élèves et à leurs parents que toutes les conditions adéquates sont réunies pour une année scolaire studieuse et sans problème.

 L'on ne demande qu'à croire à l'augure du ministre, sauf que l'on est contraint de faire cas de l'autre son de cloche que font entendre les organisations syndicales, contradictoire dans les prédictions qu'il annonce pour cette année scolaire. Ces organisations ont fait en effet savoir qu'elles n'excluent pas le recours à la grève au cas où les menaces proférées la veille de la rentrée par Benbouzid contre le corps enseignant deviendraient exécutoires. Des menaces qui relativisent la conviction que ce ministre dit nourrir à l'égard de l'attachement que l'éducateur algérien a à la noblesse de sa tâche.

 Même s'ils ont en partie obtenu satisfaction au plan de la revendication financière, les enseignants n'ont pas dans leur majorité digéré ce que Benbouzid et l'administration qu'il chapeaute leur ont infligé en termes de mépris et d'humiliation quand ils se sont mis en grève pendant l'année scolaire écoulée pour faire valoir leurs doléances. Leur ressentiment est loin de s'être apaisé et les menaces de Benbouzid ne font que l'exacerber. Ce qui s'ajoutant au fait qu'ils estiment que les raisons existent toujours dans le secteur qui motivent la relance de leur mouvement de protestation, il se pourrait donc que la nouvelle année scolaire ne soit nullement exempte de «moments chauds», a contrario de ce que le ministre exclut un peu trop péremptoirement.

 La perspective est d'autant plausible que le ministre et son administration, d'un côté, et les syndicats, de l'autre, campent sur leurs positions respectives, dont le maintien fait qu'aucune tentative de dialogue entre eux n'a été esquissée.

 Ce que le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, et les syndicats des praticiens et professionnels de la santé sont parvenus à faire qui a contribué à apaiser le climat de tension qui a perturbé leur secteur. Dialoguer ne veut pas dire, comme l'a compris Ould Abbas, accéder à toutes les revendications faisant débat. Mais c'est au moins accorder de l'intérêt à ce que dit ou propose l'interlocuteur. Ce qui à l'Education nationale ne semble pas être la vision des responsables.

 Beaucoup, énormément a été investi et réalisé dans le secteur de l'Education nationale en notre pays. Mais l'enseignement du savoir n'est pas seulement question de conditions matérielles. Il est avant tout tributaire de la compétence et de l'abnégation de ceux qui le dispensent. Raison pour respecter ceux qui en font preuve et qui sont la majorité dans le corps enseignant. Ne pas les écouter, les entendre, c'est les démobiliser et, partant, hypothéquer la qualité de notre enseignement.