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Marché en folie et citoyens désemparés

par Kharroubi Habib

Financièrement, peu de familles algériennes arrivent à faire face convenablement au surplus de dépenses qu'elles se sentent obligées de consentir durant le mois de ramadhan. Encore moins nombreuses seront celles qui, au sortir de cette période, pourront assurer une rentrée scolaire décente à leurs enfants, tant elles peinent déjà à trouver l'argent pour se procurer le strict nécessaire en les derniers jours de jeûne. Habitudes et «nif» obligent, les citoyens n'ont pas failli à la tradition de gérer leur budget du ménage plus avec leur ventre qu'avec la raison. Beaucoup toutefois, faute de moyens, ont été contraints de brider leur frénésie de consommation que le ramadhan exacerbe. Nos commerçants font certes de «bonnes affaires», mais leurs étals et magasins sont loin de connaître l'affluence massive de clientèle à laquelle ils s'attendaient au mois de ramadhan. La flambée des prix a eu raison des consommateurs les moins regardants. Le constat infirme incontestablement le diagnostic fait par l'Office national des statistiques (ONS) dont la note de conjoncture conclut que l'inflation est en baisse depuis juillet. Il contredit surtout la prédiction du ministre du Commerce d'une stabilisation, voire d'un repli même des prix à la consommation après les premiers jours du mois de ramadhan. Quelques produits, essentiellement des légumes et des fruits, ont certes vu leurs prix fléchir mais, dans l'ensemble, le porte-monnaie des ménages continue à être mis à rude épreuve par les prix affichés pour tout ce qui entre dans leur panier. L'ONS admet d'ailleurs que le taux d'inflation est plus prononcé pour les produits alimentaires qui font l'objet de la plus importante demande.

 A quelques jours de la fin de ramadhan, c'est la rentrée scolaire, avec son surplus de sacrifices financiers incontournables, qui a pris le relais dans les préoccupations familiales. Les parents n'ont rien à espérer question prix pour la circonstance. La flambée n'épargnera pas les articles scolaires ou les vêtements qu'ils sont obligés d'acheter. Pour les ménages qui ont bénéficié des dernières augmentations de salaires décidées par les pouvoirs publics, l'euphorie aura été aussi illusoire que brève tant l'inflation a sitôt fait de montrer le décalage entre ce qui leur a été financièrement octroyé et la cherté ascensionnelle du coût de la vie. Peu d'entre eux ainsi que ceux qui n'ont même pas bénéficié d'augmentations quelconques, faute d'avoir un salaire, font foi aux promesses d'amélioration des conditions de vie des citoyens que le discours officiel leur fait miroiter. Si les autorités escomptent que les «largesses» salariales et sociales qu'elles ont dispensées vont calmer le mécontentement social, elles ont fait un mauvais calcul. L'inflation non maîtrisée qui fait flamber les prix et le coût de la vie va inévitablement nourrir et attiser ce mécontentement social et justifier les mouvements de protestation dont les prémices se font jour à la veille de la rentrée officielle.