Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Phase critique dans la crise du nucléaire iranien

par Kharroubi Habib

Tout en appelant vendredi l'Iran «à faire preuve de retenue dans son programme nucléaire», le Premier ministre russe Vladimir Poutine a déclaré qu'une attaque de ce pays serait «dangereuse et inacceptable».

 Ce propos de l'homme fort de la Russie inquiète par sa fermeté parce qu'il fait sous-entendre que celui-ci est informé qu'une opération dans ce sens serait en préparation. Cela d'autant que Poutine a fait sa déclaration après que des médias israéliens, relayés par des confrères occidentaux, eurent lancé le bruit que Benjamin Netanyahu aurait effectué tout récemment une visite secrète à Moscou, capitale où l'aurait précédé dans les mêmes conditions le président de l'Etat sioniste Shimon Peres.

 La seule certitude que l'on ait est que la crise internationale sur le dossier du nucléaire est entrée dans une phase critique à l'approche de l'échéance du délai fixé à fin septembre par le président Barack Obama aux autorités de Téhéran pour qu'elles se conforment aux exigences internationales qui leur ont été formulées sur la question.

 Il y a quelques jours donc avant cette date fatidique, l'Iran a officiellement transmis ses réponses aux «cinq + un» et aux organisations internationales en charge du traitement de la crise provoquée par le dossier de ses ambitions nucléaires. Le geste iranien peut vouloir signifier que les autorités iraniennes ont décidé de faire preuve de bonne volonté et en marquant leur disponibilité pour la recherche d'une solution pacifique acceptable pour les deux parties.

 Les réponses transmises par Téhéran ont certes provoqué des commentaires réservés, voire de rejet de la part de certains acteurs de la crise, mais aucun qui soit catégorique dans son refus. Ce qui en apparence devrait inciter à l'optimisme, à la considération que la disposition affichée par Téhéran justifierait la poursuite du dialogue avec ses autorités au-delà de la date butoir fixée à fin septembre.

 Une perspective qui ne va pas dans le sens des calculs de l'Etat sioniste, qui lui cherche à provoquer la fin de ce dialogue et ainsi donner une justification et une «légitimité internationale» à l'opération militaire qu'il prémédite contre l'Iran et dont tout le monde sait que les préparatifs sont déjà à l'œuvre. A ce stade, le gouvernement israélien, qui n'a rien à craindre des réactions que son agression peut susciter au sein de ses alliés occidentaux, a peut-être voulu sonder ce que serait celle de la Russie, qui est tout même encore une puissance internationale dont il doit tenir compte de l'intérêt géopolitique qui est le sien dans la région, où l'intervention israélienne provoquerait d'inévitables mais imprévisibles chambardements. D'où la fermeté du rejet d'une «attaque, quel que soit celui qui procède aux frappes», exprimée par Vladimir Poutine au nom de la Russie.

 Il n'est pas pour autant certain que le refus russe de l'aventure par laquelle l'Etat sioniste voudrait mettre devant le fait accompli la communauté internationale a eu un effet dissuasif sur ses gouvernants. Il n'est donc pas impossible que Vladimir Poutine ait réagi pour alerter le monde de l'imminence d'une agression qu'Israël est en train de mettre en marche, même si la possibilité d'un accord pacifique entre l'Iran et les «cinq + un» ne s'est pas totalement évanouie.