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Ponce Pilate était au Conseil de sécurité de l'ONU

par Kharroubi Habib

La résolution du Conseil de sécurité de l'ONU demandant un cessez le-feu immédiat à Ghaza a ceci d'inacceptable qu'elle met sur un plan d'égalité l'agressé et l'agresseur, la victime et le bourreau. Ce n'est d'ailleurs qu'à cette inique condition qu'elle a pu être votée. Les Etats-Unis, en s'abstenant au lieu d'opposer leur veto, ont permis son adoption du moment qu'elle ne condamne ni l'agression israélienne, ni ne somme l'Etat sioniste à se retirer de la bande de Ghaza et à lever son blocus qu'il impose à celle-ci.

Il est en somme demandé par le Conseil de sécurité que seules les actions armées cessent, ce qui laisse ainsi à l'agresseur sioniste le bénéfice de son invasion de la bande de Ghaza. Bien entendu, l'on décriera avec véhémence le rejet par Hamas de cette résolution en faisant valoir que la priorité des priorités est de mettre un terme aux massacres qui continuent de se produire. Mais en l'acceptant telle qu'elle, il aurait commis la faute plus grande encore de sacrifier le martyre et les souffrances de la population palestinienne de Ghaza pour un bref et illusoire répit dont seul l'entité sioniste aura le bénéfice, tant au plan diplomatique que de sa propagande psychologique.

C'est d'ailleurs en escomptant que le Hamas, par nécessité humanitaire, en serait réduit à accepter cette inique résolution du Conseil de sécurité que les Etats-Unis l'ont laissé passer. Israël ne s'est pas formalisé de l'abstention de son principal allié stratégique, sachant qu'en l'état, le texte onusien ne l'oblige en rien.

En obligeant en fait le Conseil de sécurité à ne réclamer que la conclusion d'un cessez-le-feu, Washington a voulu se dédouaner à peu de frais de la responsabilité qu'ont les Etats-Unis dans le déchaînement criminel de l'agression sioniste. Son abstention a par ailleurs valeur d'encouragement à l'Etat sioniste à ne pas tenir compte de la demande de ce Conseil de sécurité. Les «bonnes âmes» qu'on a peu entendues depuis que l'agression sioniste a démarré, ponctuée de crimes humanitaires et de guerre allant en s'amplifiant dans l'atrocité, se démèneront et s'agiteront hystériquement pour imputer au Hamas d'être obstacle au «retour au calme» dans la bande de Ghaza. Bien évidemment que l'arrêt immédiat des massacres dont est victime la population civile palestinienne est la priorité des priorités à faire aboutir. Mais pas au prix d'un arrangement qui absout le criminel de ses forfaits et d'une trêve sans contraintes strictes pour l'agresseur, qui pourrait ainsi à tout moment relancer son agression. Le Conseil de sécurité de l'ONU, bloqué et impuissant, s'est donné «bonne conscience» en pondant une résolution dont il sait parfaitement que le contenu n'est nullement contraignant pour l'agresseur et est une insulte à la mémoire des martyrs palestiniens morts à Ghaza.