Malgré tous les malheurs et les deuils qu'il a causés et l'immense chambardement dans la marche du monde qu'il a provoqué, le Covid a eu au moins un mérite. Il a obligé l'espèce humaine d'ouvrir grands les yeux pour nouer avec la sagesse et l'humilité et pour qu'elle se rende compte que nul ne détient la vérité. Il a relativisé les connaissances de ceux qui étalaient des savoirs sans retenue dont certains étaient animés par la croyance d'être le centre du monde et nourrissaient leur indispensabilité. Fasse que la leçon soit admise par des pans d'intellectuels et aux magmas de politiciens aux égos démesurés

Surpris, les âmes grandement endolories par le raid de la pandémie, nombreux sont ceux qui se sont surpris à donner leur langue au chat, peu à peu convaincus que garder les pieds sur terre est une nécessité humaine. Les intellectuels et les politiques des bords variés ont été les premiers coincés dans leurs certitudes devenues subitement aléatoires.

Le vent infernal de la nature a pourtant souvent soufflé sans que l'on retienne ses messages et ses mises en garde. Il a fallu que le Covid emporte des millions de morts pour que l'on prenne conscience de la fragilité humaine que l'on croyait vaincue pour que l'homme garantisse sa superbe.

Il suffit aujourd'hui de regarder, les yeux dans les yeux, les centaines d'enfants orphelins turcs errant sur les dalles qui couvrent des corps ensevelis pour avoir la mesure des failles dans le cœur des hommes. La témérité verbale de ceux qui s'échinent, parfois avec délire, à occuper l'avant-garde de la connaissance et du savoir, ne serait finalement que stérilité manifeste. La nature semble décidée à démontrer que les leçons données par les détenteurs de vérités rectilignes ne sont souvent que jérémiades.

Le patron de l'Organisation des Nations unies a été bien avisé de conseiller au monde de se nourrir des leçons que prodigue le ramadan. Plus qu'il ne soit un réservoir de foi et de piété, il est aussi une école enseignant la modicité de la force humaine.