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L'empreinte du retour

par Abdou BENABBOU

De nombreux nationaux observent avec un œil attentif le déboulé successif des manifestations de colère dans de nombreuses villes françaises. On comprend cet intérêt porté sur l'amplification de la crise sociale française car rares sont les familles algériennes qui n'ont pas un lien familial avec une ou plusieurs personnes vivant en France.

Pour tous, ici et là-bas, la conviction que le rêve français n'est plus qu'une chimère prégnante et que vivre à Marseille, Lyon ou Paris est un parcours du combattant infernal pour tous ceux qui veulent s'y frayer un chemin d'existence. L'énorme déveine n'épargne pas non plus les Algériens leurrés par leur bardage de diplômes conséquents qui se sont armés de bravoure pour aller se nicher en France. Il n'est donc pas étonnant que la tendance actuelle soit au retour forcé par une conjoncture sociale, économique et politique française indiquant avec insistance que les rêves doivent s'estomper.

Sans doute que le plus dur est à venir. Les manifestations populaires à répétition dans les grandes et petites villes françaises plus qu'elles ne seraient des démonstrations de colère, sont les signes d'une frayeur face à un avenir incertain. Elle pourrait être les prémices d'une véritable révolution qui s'annonce car le présent et les perspectives du futur sont sombres.

On ne le souligne pas assez, les remous provoqués par la réforme des retraites ont de la peine à cacher le profond désarroi de toutes les couches françaises, lassées par les gestions politiques inopérantes de leur quotidien. L'alternance des pouvoirs entre la droite et la gauche, toutes deux en déconfiture, ayant montré ses limites, tout indique qu'elles avancent à pas feutrés, pieds et mains liés, pour s'en remettre à l'extrême droite. Son programme à la tête duquel l'immigration est inlassablement soulignée, est connu pour ne pas annoncer des jours heureux pour l'ensemble des immigrés.

Nos émigrés le savent et ne se font plus d'illusions quant au devenir des politiques sociales pratiquées jusqu'ici. La nostalgie de la terre d'origine s'est amplifiée et on remarque déjà une forte empreinte du retour.