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Le sucre pour construire des demeures

par Abdou BENABBOU

On aura tout vu et on ne devrait pas s'étonner si de guerre lasse les prisons changent de vocation pour devenir des asiles pour fous. A l'allure où les mentalités sont gagnées par une débilité terrifiante, les pénitenciers changeraient le profil d'aires de pénitence et adopteraient celui de carrés murés où on enfouirait le summum de l'inconscience et de l'irresponsabilité. On ne voit pas autre orientation à adopter et ce qu'il y a de mieux à faire que de se contenter des fortes sentences des tribunaux contre l'énorme imbécilité des spéculateurs et des fossoyeurs en tous genres n'ayant ni âme ni conscience.

Un promoteur immobilier débordé par un génie malfaisant n'a pas trouvé mieux que de fructifier ses affaires et son chantier en utilisant du sucre pour le transformer en mortier pour ses constructions. Une inspection a permis de découvrir dix tonnes de sucre emmagasinés et destinés à alimenter ses bétonnières pour bâtir ses édifices.

Heureux futurs locataires qui auraient eu le privilège de résider dans des demeures et des plafonds avec des saveurs de miel ! L'inconscience et l'infantilisme sont si débordants que l'on se mette maintenant à construire des bâtisses avec du sucre au moment où il est demandé au peuple une grande et pénible tempérance dans la consommation des produits alimentaires. Parce qu'il est supporté par l'Etat, le sucre coûte semble-t-il moins cher que le ciment et il est à croire que le bienheureux promoteur a eu sa propre compréhension sur ce qu'est un produit de première nécessité. Nécessité pour nécessité autant alors le confondre avec le ciment. La débilité meurtrière n'a plus de limite et il devient de plus en plus harassant de circonscrire les avidités criminelles. Certains ogres veulent se gaver de mortelles inconséquences en marchant sur leurs têtes au moment où le monde entier crie famine.

On se demande dans quel univers évoluent des énergumènes sans foi ni loi quand la majorité des terriens a des difficultés incommensurables pour se garantir le minimum pour s'alimenter.