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Accolade irano-saoudite

par Abdou BENABBOU

Le rétablissement des relations diplomatiques décidé par le royaume wahhabite et l'Iran, s'il se concrétise dans les jours à venir, est un événement qui aura une conséquence importante sur la région moyen-orientale et, par prolongement, sur la configuration politique mondiale. Il démontre d'abord la percée diplomatique de l'Arabie Saoudite qui entend maintenant se départir résolument d'un rôle d'exécuteur d'ordres et se passer du profil bas qu'elle a adopté jusqu'ici. On voyait venir l'entreprenant prince héritier Salmane et on avait déjà perçu le virage qu'il avait pris quand il s'était engagé dans une série de réformes insoupçonnées pour un pays que l'on croyait enfoncé dans une féodalité contestable et contestée. Il a aussi manifesté le désir de donner une nouvelle carrure à son pays en se positionnant comme fer de lance au sein de l'OPEP en s'engageant en porte à faux contre les recommandations de la Maison Blanche.

Par cette nouvelle réconciliation, Ryad et Téhéran sont toutes deux gagnantes. La première s'efforcera d'acquérir un leadership dans la région, convaincue qu'il lui est dû par son rôle central dans le monde islamique. La seconde sera heureuse de se départir d'un isolement avec son lourd fardeau de sanctions économiques que l'Occident lui a imposé. Des indices révèlent déjà que la Syrie de Bachar El Assad intégrera la récente entente du duo pour une reconfiguration politique de la région.

Malgré les félicitations émanant d'un peu partout pour se réjouir de cette nouvelle donnée de paix inattendue, il est certain que la récente accolade entre l'Iran et l'Arabie à laquelle sera intégrée la Syrie ne sera pas vue d'un bon œil par tous. On ne sait pas comment réagira le pouvoir américain resté muet jusqu'ici, et il n'est pas certain qu'il ait participé à une quelconque redistribution des cartes dans la région.

Il est certain que le grand malaise sera du côté d'Israël ayant bénéficié d'une aisance jusqu'ici de la tension irano-saoudite empêchant les deux pays d'avoir prise sur les conflits qui secouent le Moyen-Orient et le golfe Persique.