La décision prise par tous les syndicats français de mettre leur pays à l'arrêt aujourd'hui a une odeur d'euphémisme, car les échos qui parviennent de l'Hexagone sont démonstratifs d'une stase politique, économique et sociale que la France n'a jamais connue jusqu'ici. La confrontation houleuse entre la population française et son gouvernement et la grève généralisée d'aujourd'hui prennent la forme d'une farandole trompeuse qui voile mal un profond et inattendu désarroi du peuple dans sa globalité.

Les restos du cœur n'ont jamais été aussi sollicités et les mailles de la société de consommation aussi lacérées pour être soumises à l'obligation de s'adapter à une nouvelle culture de survivance à laquelle il devient de plus en plus pénible de se conformer. Alors, les grèves et les sit-in, en se répétant et en peinturant les places publiques des rouges et des jaunes syndicaux, ne seraient finalement que la manifestation des pétarades d'une colère spontanée.

Les protestations populaires contre la réforme des retraites ne sont qu'un prétexte opportun pour signifier qu'un naufrage a bel et bien été entamé.

Les Français ne sont pas les seuls sérieusement perturbés par une damnation qui, par la coulée de sa lave brûlante, est porteuse d'un message pour le monde entier. De nombreuses autres peuplades, hier encore nanties et repues, en sont aujourd'hui poussées aux portes de la quémande et de la mendicité.

La terrible inconséquence d'hier et du moment est que la plupart des Etats fourguent des centaines de milliards d'euros et de dollars dans leurs budgets d'armement sous prétexte d'assurer leurs sécurités. Enorme maldonne que voici quand l'intérêt accordé au fusil et au canon est priorisé au détriment des ressources essentielles nécessaires à la vie des populations.

C'est au cœur de cette maldonne inouïe que réside l'immense écorchure de l'humanité. S'évertuer à s'armer pour éteindre des vies et tourner le dos aux besoins élémentaires pour se nourrir et donner un sens à la vie !