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Miser sur le Sahara

par El-Houari Dilmi

Objectif majeur, l'Algérie mise sur les vastes superficies arables du Sahara pour asseoir sa sécurité alimentaire. A commencer par l'intime conviction du premier magistrat du pays, l'Algérie dispose d'un énorme potentiel « dormant » pour nourrir plus de cent millions de bouches. Manger ce que nous produisons de nos propres mains, se soigner avec nos propres médicaments, ou même rouler dans des voitures made in Algeria, est l'une des missions régaliennes de l'Etat régulateur.

Longtemps défavorisés au profit des régions du Nord, les vastes territoires de la grande portion méridionale du pays deviennent aujourd'hui le garde-manger national des Algériens.

Pourtant, peu d'argent a été consacré au développement des régions du Grand Sud, comparé aux wilayas du Nord. C'est le président Tebboune qui le dit : « seules les wilayas du Sud sont capables d'atteindre l'autosuffisance en céréales ». Mieux vaut tard que jamais, la plus grande portion du pays, longtemps considérée comme « inutile », il est de bon augure qu'elle se retrouve comme au centre de l'intérêt des décideurs, quand on connaît à quel point ces populations ont souffert de voir des gens manger sous leurs yeux écarquillés en leur laissant des miettes pour seule pitance.

Au-delà de la logique froide, presque scélérate des chiffres, l'argent fou dilapidé n'a presque jamais servi au développement des vastes régions du sud du pays.

Pourtant, des régions comme Oued Souf, Biskra, Ghardaïa et même Adrar s'imposent comme le véritable garde-manger national, tellement l'agriculture a connu un développement fulgurant dans ces wilayas. Pour la première fois depuis l'indépendance, la richesse produite par le secteur agricole talonne celle générée par les hydrocarbures.

L'agriculture contribue au PIB à hauteur de 15% et emploie près de 12% de la population active. Pourtant, les régions du sud du pays sont sujettes à des révulsions récurrentes à cause d'une répartition inéquitable des richesses nationales.

La nécessité impérieuse de repenser la politique d'aménagement du territoire, en rééquilibrant la distribution de l'argent pour inciter à un vrai développement dans les vastes régions méridionales est une urgence absolue. Seul un partage équitable de la richesse du pays entre tous demeure comme l'un des moyens de projeter le pays vers des horizons salvateurs.