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Course contre la montre

par El-Houari Dilmi

L'autosuffisance alimentaire est à portée de main, a rassuré le président Tebboune. Il s'est surtout félicité des résultats positifs réalisés ces dernières années par le secteur de l'agriculture qui contribue à hauteur de 14,7% dans le Produit intérieur brut (PIB). « Les étrangers me demandent avec étonnement pourquoi l'Algérie importe des céréales malgré ses capacités en eau et ses vastes zones agricoles », a confié le président à l'ouverture des Assises nationales de l'agriculture. Se montrant confiant quant à la capacité du secteur agricole à assurer la sécurité alimentaire des Algériens, le chef de l'Etat a mis le doigt sur une tare dont pâtissent de nombreux segments de l'économie nationale. Il s'agit de la difficulté de mettre en place un système national d'information statistique efficient, qui puisse servir de tableau de bord aux décideurs. Citant l'exemple édifiant de la grande difficulté à recenser le cheptel ovin, Tebboune a pris la mesure de la fausseté des chiffres, et par conséquent la prise de la mauvaise décision. «Le processus de numérisation des données du secteur agricole nous a révélé que la superficie cultivée est la moitié de la superficie déclarée précédemment», a déclaré le chef de l'Etat, mettant en cause la remontée de l'information, avec des chiffres qui ne reflètent pas toujours la réalité, a-t-il déploré. Pas seulement dans le secteur de l'agriculture, des données approximatives, voire erronées, ne permettent pas de prendre les bonnes décisions et mettre en place les stratégies idoines pour arriver à l'objectif escompté. Le président veut aller vite, surtout que ce sont les filières stratégiques, comme la céréaliculture et la filière laitière et de production de viandes, qui sont les plus déficitaires. «Il faut absolument arriver à une moyenne nationale de 30 à 35 quintaux à l'hectare pour assurer une autosuffisance dans cette filière vitale», a instruit le chef de l'Etat. Mais plus qu'un problème de moyens colossaux dont bénéficie le secteur du travail de la terre, c'est surtout un manque de fermeté et d'application à la lettre des instructions, du point de vue du premier responsable du pays. Autrement dit, le pays a besoin d'une autre révolution d'abord dans les mentalités, parce que l'on ne peut plus produire du pétrole pour acheter de l'ail !