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BASTA !

par El-Houari Dilmi

C'est carrément le feu sur les étals. Bien avant le mois de tous les soucis, pratiquement aucun produit alimentaire ou autre n'a échappé à la folle sarabande des prix. La pomme de terre, fruit du pauvre et ingrédient indispensable pour la meïda du f'tour, a atteint un pic inégalé: jusqu'à 150 DA le kilo, presque une insulte au commun des consommateurs. Les autorités ont beau rassurer sur la disponibilité des produits, rien n'y fait, le marché est devenu une véritable jungle où le plus fort avale d'une bouchée le plus faible.

La chienlit qui s'empare des marchés, aux quatre coins du pays, n'augure rien de bon. Sans parler des catégories sociales les plus fragiles qui n'ont plus que leurs mains à lever vers le ciel, le front social gronde et les classes moyennes de la société sont littéralement laminées par une effroyable diminution de leur pourvoir d'achat. L'incapacité chronique des autorités à réguler le marché pose un certain nombre de questions. Pourtant, procès à valeur d'exemple, à Oran, un spéculateur a été condamné à dix ans de prison ferme. Cela est-il suffisant pour dissuader toute la faune des traficoteurs et suceurs de sang de tout acabit ?

Même le numéro vert, mis en place par les services du ministère du Commerce pour dénoncer les pratiques commerciales illicites et lutter contre la fraude, n'a pas donné de résultats malheureusement. «L'Algérien n'aime pas vendre son prochain, c'est ancré dans la culture populaire», estime, stoïque, un responsable de la répression de la fraude dans une wilaya de l'intérieur du pays.

Des peines de prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité contre les spéculateurs ne semblent pas donner du mouron aux «diktateurs» du marché. La lancinante pénurie de produits alimentaires de base, conjuguée à une litanie des hausses des prix de large consommation fatigue les ménages, déjà accablés par une inflation galopante. Le constat est connu de tous, mais jusqu'à quand cette loi non écrite d'un marché anarchique imposé de force et ces spéculateurs qui narguent ouvertement l'autorité de l'Etat ? Basta !