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La xénophobie change de sens

par Abdou BENABBOU

Les actuelles chamailleries de paliers entre la Grande-Bretagne et la France à tout propos prennent des allures désopilantes en réduisant leurs allures de grandes puissances à la plus simple et réelle expression. Elles se jettent la pierre sur de nombreux sujets dans leurs disputes éternelles pour démontrer au monde entier la non-conformité de statuts hérités avec la réalité. Grands pays supposés, il ne leur manque plus que le crêpage de chignon pour entacher davantage des suprématies surfaites. Celle du rassemblement de la grande Europe ne tient plus qu'à un fil et il est révélateur que la France, membre fondateur de l'Union Europe, en soit arrivée à réclamer avec force à supprimer la libre circulation en son sein.

Dans les échanges des griefs, il est entre autres question de gestion des migrants. Chacune rejette la balle à l'autre en restant figée dans le plus bas niveau du temporel sans se rendre compte que dans l'évolution de la nature humaine et celle du monde, la nature n'admet plus l'infantile dictature de l'homme pour qu'elle s'astreigne à ses aléatoires désidératas. Elle le démontre de superbe manière en dégainant l'arme de la pandémie pour signifier que le dernier mot lui revient. Elle refuse désormais toutes les teintes auxquelles on l'avait soumise refusant que l'homme continue à être déifié et que sa force et son intelligence avaient des limites.

Voilà deux Etats s'appliquant à s'enfermer dans leurs coquilles contraintes par un retour de manivelle inattendu de la dame nature leur infligeant une apparente malédiction pour s'être échinés à ériger des murailles contre les flux migratoires. Le sortilège infligé aujourd'hui est allé jusqu'à imposer des murailles et des barrages aux tréfonds de tous les peuples n'épargnant ni les familles ni les lieux publics. La xénophobie change de sens puisque la distanciation physique ne concerne plus seulement la préciosité des tracés des frontières mais a jailli au cœur des familles, des cafés, des marchés et des espaces communs. On s'interdit maintenant de serrer la main à son voisin et on se retient de l'embrasser. La bavette ou masque sont en passe de devenir un symbole insoupçonné d'une forme de haine de l'autre.

Finalement, Français comme Britanniques tenaillés par la colère et l'indocilité de la nature sont maintenant migrants et étrangers dans leurs propres pays.