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L'HOMME-VIRUS

par Abdou BENABBOU

Finalement et à plusieurs égards, la pandémie serait en nous. Pour des raisons évidentes, l'homme serait lui-même un virus qui ne se reconnaît pas. S'ingénier à semer la mort de mille et une façons et à tour de bras pour certifier une puissance acquise a quelque chose de déroutant. La confusion entre le bien et le mal témoigne d'une débilité trop insistante pour que la raison soit déboussolée. L'Homme envahit, attaque, écrase, affame son prochain sans se rendre compte qu'il se tue lui-même. Par son aveuglement, pétri par on ne sait quelle damnation, il insiste depuis la nuit des temps à faire accroire que le mal est un bien et que la guérison du mal ne peut se produire que par le mal.

Les corvidés n'ont jamais eu ce mauvais génie suicidaire. Deux guerres mondiales, initiatives armées et folies humaines avec une pléthore de conflits et d'entreprises criminelles ont désintégré des millions de vies en de petites années plus que ne l'ont fait tous les virus réunis au cours de longs siècles ramassés. L'amour du prochain, si nécessaire pour un bonheur partagé mais prôné du bout des lèvres est une grosse rigolade quand on affirme vouloir donner la vie aux autres en les tuant. Les épidémies et les pandémies n'ont jamais été capables de telles perfidies et hypocrisies. L'Homme est en permanence à la recherche de l'excellence à perfectionner des armes assassines à coups de milliers de dollars et se joue de lui-même en prétendant nourrir de la solidarité et de la compassion pour celui qui n'a pas de quoi se vêtir et de quoi manger.

La nature est étrangère à cette traîtrise caractérisée soulignant avec certitude que le virus est d'abord humain. Il est aux abords des frontières et il peut être au coin de chaque rue. Il est aussi dans des comportements en apparence anodins. Il désagrège l'harmonie du vivre ensemble entre les peuples et les Etats et il brise la cordialité entre frères de même sève et de sangs différents.

Tous les coronas réunis n'ont pas ce visage si présent et ils pourraient être tentés de se faire nains devant la hardiesse tenace de l'Homme à cultiver la volonté de s'effacer. Ils n'ont pas la fatidique tare humaine de persister à vouloir s'enterrer. Ils n'ont que la faculté d'avoir des alliés humains fidèles pour les accompagner.