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MUTATIONS ET PERMUTATIONS

par Abdou BENABBOU

Des motifs objectifs et explicatifs pour une telle transmutation n'étant pas donnés, le dernier mouvement des directeurs de l'éducation peut inciter à la perplexité. On n'a pas souvenir d'un semblable transfèrement effectué au milieu d'une particulière année scolaire et le mouvement ne semble pas répondre à de quelconques préoccupations sanitaires en lien avec l'épidémie.

L'effet d'annonce reste entier et il est un leurre que de conclure que l'on touche par cette vague de mutations et de permutations le cœur du système de l'éducation pour un salvateur redressement et une réelle amélioration. La triture actuelle opérée ces dernières heures en transvasant les responsables à la tête des wilayate serait comprise par l'opinion publique comme le témoignage superficiel d'une activation gouvernementale pour démontrer que l'heure n'est pas à la somnolence.

Le sacro-saint du sujet de l'institution écolière est cependant ailleurs. Les directeurs de l'éducation ne sont qu'un maillon dans de multiples impondérables qui empêchent l'école algérienne d'être ce que l'on attend d'elle.

A lui seul, l'actuel mouvement ne peut résoudre la prise d'otages dont sont victimes les enfants par la force du jeu malsain des cours particuliers qui s'est largement répandu et qui ont transformé parents et élèves en cobayes, contraints malgré eux d'améliorer l'ordinaire de nombreux enseignants.

La mutation ou la permutation d'un directeur de wilaya ne donneront pas à l'école un nouvel habit. Elles ne pourfendront pas non plus l'esprit d'amalgame définitivement ancré entre la scolarité gratuite et l'enseignement privé pour qu'au grand désarroi des parents, l'instruction scolaire s'engouffre elle aussi dans l'informel circuit. Sans doute que la mire a été précipitamment choisie, alors qu'il fallait orienter la portée en direction du socle sur lequel l'éducation et la formation scolaire sont bâties.

Malheureusement, annoncée en grande pompe, cette action ne sert pas à disculper l'Etat pour ses limites à venir à bout des profondes et tentaculaires difficultés qu'il est tenu d'affronter. L'incongru dans le spectacle qu'offrent des responsables à tous les niveaux rappelle l'adage qui veut que l'on prétende vouloir coiffer quelqu'un qui n'a pas de cheveux.