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RIEN N'ÉTONNE PLUS

par Abdou BENABBOU

A dit vrai celui qui a affirmé que l'être humain est un puits insondable. Voici un homme auquel nombreux sérieux analystes accordaient des prédispositions pour loger au sommet de l'Etat et était pressenti sans manifeste hésitation comme président de la République. A l'opposé et bien avant l'heure, le jugement populaire avait raison de l'envoyer aux gémonies en devançant la sentence de la justice.

Ahmed Ouyahia n'était donc qu'un contrebandier et un trafiquant de haut étage, magouilleur de basses voltiges qui jonglait avec des lingots d'or. Ses aveux devant les juges et face à l'opinion publique ne sont pas seulement déconcertants mais l'affliction qu'ils enracinent devient une torture pour ceux disposés à lui livrer le bon Dieu sans confession. Les faits qu'il étale avec une pudibonderie feinte assomment par la démesure de leur poids les dos crédules en dépassant l'entendement et ils confirment toutes les rumeurs qui ont habité les rues et les cafés pendant des décennies durant et justifient leur diabolisation. Plusieurs fois chef de gouvernement, l'ex-ministre d'Etat vient de jeter l'opprobre sur une manière de gouverner et confirme toutes les suspicions sur les grands responsables politiques de sa dimension pour que l'on comprenne ce pourquoi la confiance populaire en l'Etat a été ébranlée. Il sera difficile de la raccommoder et c'est à Ouyahia et ses semblables d'assumer la responsabilité de l'abîme qu'ils ont creusé. Les uns sont connus, d'autres plus nombreux ont tiré la couverture sur eux pour se faire oublier.

Il devient certain que la sérénade des vils aveux n'est pas finie. Leur effarant étalage au grand jour n'a plus de quoi étonner.

On devient alors décontenancés, incapables de comprendre pourquoi et de quoi la vermine est née quand l'inconscience atteint un tel degré de déliquescence morale quand des chefs d'Etat et même des rois qui ont pourtant bénéficié des meilleurs attributs de la vie, se laissent noyer au fond d'un infantilisme de bas prix.