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PHILANTHROPIE

par Abdou BENABBOU

L'incongru dans le professionnalisme sportif algérien est trop manifeste pour que les autorités publiques fassent comme si de rien n'était. Des pléiades de bien nommés joueurs pestent de plus en plus en réclamant des salaires poussant jusqu'à bouder les terrains de jeux. Les incultes que nous sommes ignorons dans les petits détails sur quoi repose le financement des clubs, sinon que l'on entend ici et là que des walis charitables se croient obligés de puiser dans leurs budgets quelques milliards pour que des championnats avec quelques allures factices tiennent debout. Le spectacle déserte les stades pour aller se loger dans les arrière-cours des grandes entreprises priées de s'astreindre au mécénat sans rien attendre en retour.

Les autorités locales sont les premiers responsables de cette situation, s'arrogeant une habilitation pour un rôle qui n'est pas le leur en s'investissant en présidents de clubs.

Il y a encore quelque chose de plus déluré au vu de l'ingéniosité mise dans l'appel généralisé de coopérants étrangers rémunérés en devises pour animer des clubs qui tournent en rond. Au final on se rend bien compte que la valorisation du sport national n'est due qu'à la rescousse des émigrés.

On peut comprendre que la masse sportive soit un outil politique et un instrument de manœuvre pour un dosage social usiné par un pouvoir attentif à la stabilité. Mais la culture et l'esprit ainsi semés sont identiques à ceux de la mobilisation passée des organisations de masses sous la férule du parti unique qui a montré ses limites. Si tel est encore le cas, autant revenir à l'amateurisme d'antan quitte à écorcher la volonté d'aller vers une Algérie nouvelle. On tentera alors de préparer des omelettes sans casser d'œufs. Quand on scanne l'enfer du sport international et ce à quoi il répond, il ne faudra pas alors s'attendre à des prouesses.

Le sport professionnel est basé sur la performance. Une entité économique l'est davantage. L'antinomie de leur mariage s'installe quand leur rencontre s'installe dans la conformité de la philanthropie.