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EVANESCENCE

par Abdou BENABBOU

Journée historique que ce mercredi passé comme aiment à le répéter bon nombre d'observateurs ? Peut-être si on reste plaqué dans l'instantané de l'événement. Que Donald Trump ait fait des siennes ne doit pas étonner et que le plus haut temple représentatif de ce qui a été convenu d'instituer comme symbole de la démocratie ne devrait pas surprendre.

Le fait reste autrement mieux significatif qu'une turbulence d'aigris parce qu'il s'en est dégagé une odeur tenace semblable à celle qui s'est propagée un certain 11 septembre 2001 et en même temps a miroité le spectre d'un Néron des temps lointains qui a brûlé Rome pour sous-entendre qu'ainsi se désagrègent les puissances et les suprématies. Sauf qu'à l'époque de l'empereur romain une telle ampleur des faits n'offrait pas un grandiose spectacle télévisé pour des milliards de téléspectateurs médusés. L'univers civilisé a été interloqué dans une espèce de mise à nu des préceptes d'une doctrine que le président de la première puissance mondiale a démontré qu'elle n'était finalement et dans son fond caché qu'un fantasme miroité avec abus.

La grande histoire a toujours démontré que l'évanescence d'une civilisation dominante débute par la folie d'un César et qu'en définitive Trump n'a pas à envier la déraison d'un Bokassa. On devine avec facilité ce que les faibles et les impuissants bousculés sans cesse de leçons éparses préconçues ont pensé et déduit d'un Capitole ainsi violé.

Toujours présenté en exemple sacré depuis 1789, l'incommensurable plateau de liberté et de justice, le cœur battant de ce qui était censé représenter un exemple béni au monde entier a été bel et bien terni. Dans les consciences, cette salissure inouïe ne doit pas être éloignée des longues marches à pied désespérées des migrants enjambant les continents. Elle rejoint aussi les millions de femmes et d'enfants non à l'abri de la fureur des canons pour que soit avouée la finale dégénérescence des démocraties pernicieusement mises en avant.

L'étonnement n'a nul besoin d'être de rigueur. L'association des grands événements dont seule l'histoire a le secret, de la folie des hommes à la rage de la nature, indique que le monde va changer de face et d'habits.