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L'écoute et la fraternité

par Abdou BENABBOU

L'année nouvelle est déjà entamée. Elle poursuivra à l'image de ses devancières sa course implacable pour que le temps garde ses sens relatifs en laissant traîner les illusions et les croyances pourtant souvent démenties par la tenace grande vérité qui veut que l'effort d'adaptation à la vie soit en permanence un souci premier. Nous garderons cependant notre tendance à fermer les yeux devant l'impérative nécessité à transformer nos faits et gestes pour damer le pion à la complexité que nous impose une nature devenue boudeuse et belliqueuse.

De guerre lasse, nous gardons notre tendance à nous vêtir par impuissance de la ténacité des croyances où se chamaillent le glaive et la balance jusqu'à nous secouer par les mortels extrêmes et perdre le fil de notre humanisme pour nous laisser noyés dans nos infantilismes les plus féroces.

Faudrait-il nous laisser entraîner par le fatalisme corrosif et considérer que le monde qui nous supporte et où nous ne gardons qu'un pied est une prison sur les murs de laquelle nous nous contenterons de graver des croix représentant les années qui passent ? Peut-être faudra-t-il s'y résigner si nos échecs répétés dans le temps qui déboule à grande vitesse ne sont que le témoignage définitif de notre impuissance. Mais alors, il faudra continuer à nous déifier avec notre autosuffisance et attendre que la vie passe.

Nous ne pouvons être des dieux que si nous nous investissons dans la fraternité et l'écoute soutenue des autres. Les animaux que nous sommes, nous ne pouvons nous échapper du cercle des faunes et anoblir notre particularité pour que nous ne soyons plus que des naufragés dans un monde qui pourtant a été fait pour nous.

L'année 2020 a été incendiée par tous les bouts pour libérer une nature qui nous indique que la terre ne pourra plus nous supporter. 2021 que nous abordons s'annonce d'un flou que ne pourraient dissiper les petits essais de concordance et si nous ne transformons pas avec profondeur notre entité et si les hommes restent indignes de leur humanité.