L'Autorité de régulation de l'audiovisuel s'est dite fâchée dimanche contre la diffusion d'une émission désobligeante produite par une chaîne algérienne. La fâcherie n'est pas une première et elle est devenue presque coutumière. La mise en garde de l'Autorité n'est cependant pas le reflet d'un sermon contre une maladresse isolée et elle n'est que le signe de l'affirmation de multiples et larges désappointements qui vont souvent désagréger jusqu'aux anodins faits et gestes de la société. La légèreté de la prise en charge d'une émission télévisuelle ne diffère pas de celles qui animent un ensemble d'intervenants économiques et sociaux et qui parfois, par leurs interventions, s'investissent en réels criminels en croyant ou en pensant bien faire. L'absence de savoir-faire généralisé dû à l'aridité de la formation enfante de fausses compétences professionnelles qui mènent parfois aux grandes catastrophes. Dans le vaste lot des incompétences, on trouve de tout. Du mécanicien et du plombier autoproclamés à l'électricien qui se dit chevronné jusqu'aux manipulateurs des idées des faux doctes installés. De fait, il n'est pas étonnant que les charlatans de tout bord occupent la place et vont jusqu'à s'incruster au cœur des institutions. Ils défaussent ce qui doit être bien établi en dénaturant les bonnes normes pour installer une débilité démultipliée. Un appareil de chauffage mal installé, une voiture mal réparée, en devenant règles coutumières, en sus des lourdes pertes financières, deviennent un fléau pour le pays.

La désagréable nonchalance de nombreux acteurs en s'installant première nature nationale ne cesse de provoquer des dégâts et, par la désinvolture instituée parfois avec bonne foi, va jusqu'à tuer des familles entières. Malheureusement, cette irresponsabilité particulière qu'attise une phénoménale prétention mal fagotée reposant sur du vent est une des grandes maladies qui use la société.

On ne sait rien de ce que l'on prétend savoir et il n'y a pas plus dévastateur que d'enraciner la prétention de savoir faire quand l'initiation au savoir est occultée.