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Quelles que
soient les sentences infligées à la fratrie des Kouninef,
ce sont des vies qui seront totalement désintégrées. Petits dieux dans leurs
genres, l'ivresse procurée par l'argent et la conviction des impunités ont eu
raison d'une certitude l'ayant conduite à élaborer elle-même sa dramatique
déconfiture. Les Kouninef sont sous la même enseigne
que les Sellal, Ouyahia, Ould Abbes et leurs semblables s'étant laissés emportés par
la prosternation, un moment rentable, aux pieds d'une autre famille féodale
dont les membres se prenaient pour des Césars. Ils ignoraient que César en
personne a fini assassiné. Les destinées sont souvent ainsi. Plus on s'élève
dans la hiérarchie sociale, plus elles provoquent la tentation des déviations
désastreuses.
Devant de tels drames familiaux, et face à tels douloureux grands spectacles, on peut se laisser toucher par un clin d'œil de la magnanimité et se dire que les faiblesses humaines, petites ou grandes, sont pardonnables, et s'en remettre à la justice des cieux. Mais il est évident que le peuple ne pardonnera pas car il s'agit de son sang et sa sueur qui ont été sucés. Au stade actuel des péripéties judiciaires, il est illusoire d'imaginer une jetée d'une quelconque poudre aux yeux par les autorités pour induire en erreur l'opinion publique. Il restera, cependant, le bon vouloir du pouvoir qui, lui, s'en remet à d'autres considérations. Par le passé, un ancien président de la République a eu à triturer son arme amnistiante, sous prétexte que ceux qui ont bénéficié de sa miséricorde étaient des anciens de l'ALN, mais aujourd'hui, les données ne sont plus les mêmes. Les lourdes sentences infligées à d'anciennes carrures royales et la rapidité des jugements indiquent, pour le moment, une volonté présidentielle d'asseoir une légitimité sur une justice voulue impartiale. L'entreprise n'est pas sans faille car en vérité, plus que le jugement de l'imbécillité de magnats et de la cupidité sans limite de grands responsables hier encore intouchables, il s'agit d'enfoncer au cœur des prétoires des gouvernances catastrophiques. |
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