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MODE DE VIE

par Abdou BENABBOU

Des anodines et simples remarques citoyennes émanent souvent de profondes vérités. De guerre lasse et ne sachant plus quand les écoles ouvriront leurs portes, une jeune mère de famille s'est lancée dans un constat mordant en déduisant qu'il faudra bien se résoudre à se passer de cette institution et réfléchir à initier les enfants à une autre manière d'apprendre à comment ils gagneront leurs vies. La boutade n'a pas l'apparence des légèretés verbales. Elle souligne l'impérieuse nécessité de révolutionner un mode de vie. Décapante, la remarque est à la hauteur de l'extraordinaire bouleversement entamé par ce nouveau siècle et dont l'humanité entière ne semble regarder que d'un œil alors qu'elle subit de plus en plus des impondérables existentiels démultipliés.

La moitié de l'espèce animale mondiale s'est éteinte et à contrario la population humaine augmente à une vitesse exponentielle sur une terre qui a presque l'air d'afficher un dégoût, manière d'affirmer une colère contre des locataires n'étant plus capables d'assumer un bail conclu avec la vie. Que les moineaux et les coquelicots disparaissent du paysage n'est pas un petit signe innocent. Il est à mettre en parallèle avec la multiplication des catastrophes naturelles et avec les virus qui se propagent pour affirmer que la terre a fini d'avoir marre de supporter l'indignité d'une espèce dite intelligente mais restée ancrée dans l'indigence.

Il serait inutile de s'évertuer à chercher avec des théories savantes pour comprendre que tout a changé pour que la nature ait toujours le dernier mot. Sa force implacable démontre au fil du temps qu'elle a immanquablement raison des prétentions humaines voulues rassurantes et malheureusement toujours intéressées.

Summum de la puissance des terrestres, une grande partie des Etats-Unis est en feu en ce moment enjoignant un nombre effarant de familles américaines à se ruer dans une migration forcée. Cette ruée obligée a une analogie certaine avec celle qu'imposent la misère et la faim dans d'autres contrées de l'Afrique et de l'Asie.

Finalement, c'est la boutade de la mère de famille, avec sa densité et sa simplicité qui est dans le vrai.