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HISTOIRE D'AVALOIRS

par Abdou BENABBOU

Bien qu'elle soit empreinte d'une légitimité incontestable, la focalisation sur les graves travers mis en lumière au cœur de l'institution parlementaire ne suffit pas à parfaire une juste analyse des monumentales entorses d'un supposé pouvoir législatif. Se limiter à ne s'en tenir qu'aux contestables magouilles qui l'ont ternie serait faire preuve d'un simplisme aérien insuffisant pour une auscultation rationnelle d'un dérèglement profond de l'activité politique du pays. Avec une évidence criarde, c'est de la culture pervertie électorale à tous les niveaux et du choix des hommes qu'il s'agit réellement. Les assemblées locales, communales et régionales, ont elles aussi obéi à des règles électorales imposées dans un passé pas lointain par une conjoncture lysergique qui ne permettait qu'aux téméraires de prétendre à des responsabilités. Pour sauver le pays du naufrage, le pouvoir en place à l'époque à tort mais face à l'urgence a pensé dans la précipitation se passer d'un formalisme adéquat et n'avait que de douteuses et opportunistes carrures à engager. L'élargissement tout-venant en vrac de l'espace politique a laissé le faire-valoir intéressé s'installer dans une gabegie généralisée.

On connaît la récolte produite par la semée et on comprend mieux le large étalement des rapines et des incompétences propagées. Le clientélisme, le tribalisme, le régionalisme édulcoré par la langue de bois et un stérile populisme ont figé la société dans une voie sans issue.

L'esprit d'une majorité d'élus armés d'un volontarisme primaire, parfois dépouillé de vision prospective conséquente n'était nourri que des bienfaits que procurait l'individuelle promotion sociale. De ce fait, les intérêts communs de la population devenaient secondaires pour que soit livré le fastidieux fardeau des problèmes inextricables d'aujourd'hui.

Les histoires d'avaloirs bouchés, de routes délaissées, de disette d'électricité et d'eau potable ne seraient en vérité que la conséquence de l'improbe itinéraire suivi.

La tâche pour le nouveau chef de l'Etat se profile très ardue. S'arrêter à un échange de positions contraires sur la dissolution simple du Parlement équivaut à occulter l'exacte dimension du problème.