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MAIS SI ! MESSI

par Abdou BENABBOU

Dans le dérèglement souvent          inouï des valeurs dans le monde, il faudrait sans doute ajouter un grand «e» à la vedette footballistique mondiale Messi. Les Barcelonais comme une large masse d'humains enivrés par les passe-temps de ce siècle ont le drôle de génie de se noyer dans des inconséquences qui désagrègent ce que devrait être le vrai sens de la vie. La déraison à laquelle mène le spectacle sportif d'une heure est choquante quand une entrée dans un stade pour un individu peut coûter jusqu'à l'équivalent du salaire annuel d'un père de famille. Quant au reste, entre les jets privés des vedettes qui ne se nourrissent que de leurs pieds, de leurs maillots et de leurs souliers et des milliards qu'elles accumulent dans leur fournil, il est inutile de compter quand la comptabilité donne le tournis.

La saga du départ-retour du petit prophète Lionel Messi force la conscience à se demander comment un jongleur avec un morceau de cuir peut-il, par on ne sait quelle magie, bouleverser les repères économiques et politiques d'un pays comme l'Espagne avec des répercussions sur le monde entier. Une énorme falsification se manifeste dans les données quand la moitié de la planète a soif et a faim pour témoigner que l'inhumain partage des richesses. Messi et ses égaux n'y sont pour rien et grand bien leur fasse même s'ils se suffisent de ramasser le pactole délirant que leur accordent des fanatiques délurés. Ces messies à la carrure dorée ne bénéficient de leur inimaginable aura que par le délire stérile des médias. Le commerce du vent n'a plus de limite et il est dommageable qu'une partie de l'humanité s'y engouffre pour que l'accessoire et l'infini secondaire deviennent des objets politiques.

Il a fallu que le gouvernement ibérique lui-même intervienne et fasse pression sur le gladiateur des temps modernes pour le faire plier et rester lié avec Barcelone car les enjeux économiques et financiers dépassaient le périmètre des arènes.

On aurait aimé qu'une telle passion soit nourrie pour que les hommes reviennent à l'essentiel. Une grande partie de cet essentiel se trouve dans des régions qui crient famine et qu'aucune drogue fût-elle footballistique ne peut circonscrire.