Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

CHARLATANISME ET TRAUMATISME

par Abdou BENABBOU

Quand une fillette est assassinée par un charlatan avec une terrible légèreté sous prétexte de la soigner, l'inquiétude continue de virer au comble car elle est un autre reflet de la décrépitude d'un état des lieux. La désolation devient extrême car les inepties mortelles s'ancrent dans des us et coutumes convenus pour souligner les véritables indices du recul de la société.

Ici un débile charlatan tue un enfant, là un père égorge sa fille et là-bas un adolescent poignarde sa mère. Ni la sociologie, ni la psychiatrie, encore moins la justice n'ont besoin de faire des efforts pour comprendre qu'au-delà de faits divers tragiques, il s'agit bien d'indicateurs du niveau mental d'un pan de la société. Des agressions perpétrées contre les consciences ont tendance à se multiplier pour démontrer que les tribunaux risquent de s'égosiller dans le vent car la simplicité du problème renvoie avec une fluidité certaine à l'impossibilité à un ensemble d'êtres de donner un sens commun et serein à la vie. Mort et trépas se confondent quand la charge culturelle et civilisationnelle est alourdie par des croyances contradictoires pour laisser se déployer de véritables zombies.

De la longue colonisation à l'effroyable décennie noire saupoudrées par des gouvernances viciées, les traumatismes de l'histoire laissent encore des cicatrices béantes et la logique des comportements contraires à la raison a rejoint une masse d'inepties qui impose aux incultes une marche à reculons. Que de maladresses se manifestent par le manque de savoir-faire et de dégâts coûteux en vies et en argent pour la communauté !

Le tribut lourd à payer est encore à venir bien qu'il ne soit pas à la charge de la seule société algérienne. De nombreuses populations à travers le monde sont noyées dans des situations à l'opposé de la conformité humaine. Y compris au cœur des périmètres censés enseigner l'art de vivre et le bon sens du partage de l'espace commun.

Sauf que le charlatanisme dans ces lieux y est proscrit et que la culture de la bonne conscience populaire y est présente.