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TRAVESTISSEMENT

par Abdou BENABBOU

Il est de l'ordre de l'impensable et de l'incroyable qu'un responsable aussi haut qu'il soit placé puisse être aussi vorace que celui qui fait face aujourd'hui à la justice. Plus de soixante terrains et biens immobiliers mis sous sa cape et celle de ses enfants pour témoigner d'une monstrueuse cupidité pour finalement anéantir et désintégrer sa famille entière.

L'affaire Hamel doit être laissée entre les mains des juges et de la destinée bien que l'on entrevoie déjà le sort et le futur des tentacules qu'elle a dévoilés. Mais un arrêt sur image d'un jugement aussi particulier incline la conscience commune à se demander s'il n'y a pas un autre procès dans le procès pour décortiquer les méfaits spectaculaires d'une tordue gouvernance qui était en passe d'envoyer au pilon un peuple et un pays. Il serait naïf d'aller se perdre dans la recherche de bas griefs politiques ou de la quelconque approche d'un règlement de compte dont seraient victimes l'ancien premier policier national avec sa famille et les anciens seigneurs qui l'accompagnent dans ses déboires.

Tous ont affirmé, pour se défendre devant la justice, avoir été conformes à la loi. Insinuant clairement que leurs maladresses leur avaient été permises par cette même loi. Mais cet argument à priori seulement et aussi censé être recevable pose l'énorme problème de la recevabilité de la loi. Celle-ci de par sa définition n'a de raison et de bien-fondé que quand les justiciables sont sur le même pied d'égalité. Or on se rend compte à travers tous les grands dossiers de rapine traités aujourd'hui que la loi a revêtu un esprit d'une roublardise colossale pour être au service exclusif de ceux qui l'ont initiée. Il en a été ainsi depuis l'indépendance quand la minorité qui détenait la force avait décidé que les richesses du pays étaient un butin de guerre. Les facilités et les dérogations accordées au nom d'une légalité sans faille ont été d'une pluralité féroce pour autoriser une puisée aveugle d'avantages et de biens indus.

L'ex-important policier et ses compères n'avaient pas eu besoin de déguisement pour se présenter à la justice parce que dans leur gourmandise ils disposaient d'un travestissement légal pour une main basse sur des biens qui ne leur appartenaient pas.