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La redondance des prophéties

par Abdou BENABBOU

Une importante donnée nouvelle vient de s'intercaler dans la vie politique du pays avec le décès du chef d'état-major des armées. On le savait d'une santé fragile suite à des alertes cardiaques chuchotées normales vu son âge avancé, mais les Algériens étaient loin de se douter qu'il n'avait plus le souffle nécessaire et l'énergie indispensable pour supporter une présence politique et militaire telle qu'il l'avait développée jusqu'à sa mort.

La disparition soudaine et inattendue de Gaïd Salah va immanquablement donner libre cours à différentes spéculations pour amplifier une redondance de prophéties dans un état des lieux déjà débordé par la conjugaison du vrai et du faux. Le cynisme des uns qui se frotteront les mains ira buter contre l'inquiétude des autres, chacun se demmandant si cette disparition naturelle serait une décantation providentielle qui donnerait de l'air au président de la République, ou au contraire une nouvelle malédiction imposée à la nation.

Mais même si Abdelmadjid Tebboune souligne au détour d'un communiqué officiel qu'il est aussi ministre de la Défense, c'est se mettre le doigt dans le nez que de croire que le relatif vide laissé par le décès du général écornera la difficile mission de l'armée. Gaïd Salah n'était que la représentation de la plus importante institution nationale dont le corps est uni, discipliné et conscient de la hauteur de ses responsabilités. Ces responsabilités sont d'autant plus lourdes aujourd'hui qu'elles dépassent les tiraillements internes et se placent au niveau de ceux qui défigurent l'Afrique et le monde entier. Le diapason qui lui est imposé par la Constitution lui offre l'impératif de la force de la sagesse pour rester garante de l'unité du pays.

En attendant ce qu'il faudra retenir d'indéniable et d'indiscutable est que le défunt général chef d'état-major a eu la bravoure d'assumer une énorme bousculade que personne n'avait osée jusqu'ici.

Il est certain que seront nombreux ceux qui vont le regretter.