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ALGER N'EST PAS L'ALGERIE

par Abdou BENABBOU

Il faudra bien d'abord convenir d'une grande vérité : Alger n'est pas l'Algérie. Quelles que soient l'épaisseur de son rôle névralgique et la latitude de son pouvoir de regroupement des élites, son profil de capitale politique n'a d'égal et de consistance que la vague portée, prêtée par l'Algérie profonde. Il en est de même pour ce que l'on retient aujourd'hui de société civile. La culture citoyenne étant ce qu'elle est, les citoyens lambda du Tell ou de l'Ouarsenis ont des perceptions très mitigées, souvent faites de soupçons sinon de rejet sur ceux qui ont la prétention de les représenter. Les éléments et les associations qui la composent ne sauraient être en cause et ceux qui suent à Alger à trouver des solutions en ce moment avec sérieux et constance pour ancrer tous les Algériens dans le bonheur et la prospérité sont dans leur majorité des personnes respectables pétries d'une bonne foi incontestable. Il va donc de soi que les propositions toutes aussi intéressantes les unes comme les autres, formulées par ceux qui se sont avancés pour représenter le mouvement de contestation nationale, sont à retenir et à prendre en considération.

Cependant au cœur de la floraison des positions et des propositions de ceux qui s'affichent en représentants du Hirak, le problème de la représentativité s'interpose comme une embûche insurmontable tout au long de leurs réunions des dernières semaines. N'est pas, en effet et en toute logique, porte-parole d'un peuple qui veut, et malgré le bien-fondé de sa légitimité, l'activisme positif au demeurant d'associations reconnues légales et officielles ne saurait à lui seul assumer le rôle lourd et délicat de parler au nom de la grande majorité des Algériens.

Cette majorité a envahi la Rue avec une dignité et une sagesse qui ont ébahi le monde entier. Dans le sillage d'une élection présidentielle hâtive, il est improbable qu'elle puisse se conformer unanimement à la seule bravoure de quelques prétendants.

Ne serait-il pas plus judicieux de s'inspirer des acceptables démocraties d'à travers le monde et commencer par dissoudre le Parlement et ouvrir des législatives avec toutes les garanties qui s'imposent.

Notre élite s'armerait d'un œil de lynx et les millions du Hirak entreprendraient une autre marche en gardant son esprit, pour le choix de représentants avec une légitimité sans faille. Ainsi sera pousée à son extrême la responsabilité des marcheurs.

Alors le reste pourrait suivre dans la sérénité.