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Rente pétrolière vs subvention sociale

par Moncef Wafi

Scandaleux, c'est le moins qu'on puisse dire de la demande de certaines municipalités adressée aux bénéficiaires de l'allocation financière du Ramadhan. La présentation d'un certificat de pauvreté remis après dépôt d'un dossier administratif a de quoi choquer les consciences et convoquer d'urgence une réflexion profonde sur la question de la pauvreté en Algérie.

En effet, il serait temps de dissocier le mois du carême du très épineux sujet de l'indigence dans notre pays puisque le Ramadhan n'en est que la vitrine, la face apparente. La formulation de ces communes ne peut être que critiquable et personne ne peut leur trouver de circonstances atténuantes, mais au-delà de la maladresse de la démarche administrative, puisque c'est de cela qu'il convient de parler, c'est le problème des subventions publiques dont il est le plus question. Un dossier explosif à retardement que les gouvernements de Tebboune et Ouyahia ont eu à traiter sans grande conviction apparemment. En 2017, il était déjà d'actualité avec leur rationalisation tout en essayant d'éviter les injustices.

On se rappelle qu'à l'aune du durcissement des répercussions de la crise, Ouyahia voulait rassurer sur le maintien de «l'ensemble des subventions en place sur les produits de base» promettant en aval une rationalisation réfléchie de ces mêmes subventions directes ou indirectes fussent-elles. Tout comme son prédécesseur, il évoquait des consultations à ce titre sans pour autant en dévoiler les détails. Tebboune, lui, avait clairement appelé à trouver un consensus national autour de la nouvelle politique sociale du pays. Il avait annoncé le lancement d'une large consultation «pour redresser l'effort social de l'Etat», avant d'être rattrapé par la realpolitik algérienne.

Loin des discours lénifiants et des volontés de bien faire, l'Etat algérien sait pertinemment qu'il se trouve dans une situation inconfortable à propos du traitement de ce dossier, tiraillé qu'il est entre les recommandations du FMI et les attentes sociales populaires. En effet, la crise induite par la chute du prix du baril et soutenue par l'incapacité du gouvernement à la résoudre autrement qu'en puisant dans la poche du citoyen lambda, a un effet pervers qui ne peut échapper à personne. Plus la crise persiste et les bricolages de l'Etat avec, plus le nombre de pauvres va augmenter en Algérie, ce qui conduit frontalement à une hausse des transferts sociaux.

C'est vrai qu'il existe des injustices flagrantes dans la distribution des subventions directes et indirectes mais ce n'est certainement pas de la faute du citoyen et pour en finir avec ces inégalités, c'est à la source qu'il faudra frapper, pas celle de la fiche de paie du fonctionnaire et du simple travailleur, mais en imposant l'impôt sur les grosses fortunes et en allant le collecter là où elles sont.