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Incertitudes

par Mahdi Boukhalfa

Plus que jamais, la prochaine élection présidentielle est à la base de toutes les actions du gouvernement et certains de ses ministres, mais surtout des partis de la nouvelle coalition présidentielle. On sait que le gouvernement a présenté pour 2019 une loi de finances «soft», avec moins d'impôts, le gel des hausses des tarifs de l'électricité et du gaz, de l'eau et plus d'argent pour les secteurs sociaux, dont la subvention aux produits de première nécessité. Le gouvernement a ainsi proposé dans son projet de loi de finances 2019 une hausse de 0,7% des transferts sociaux à 1.772 milliards de DA, soit en hausse de 8% du PIB et 12,5 milliards de dinars par rapport à la loi de finances 2018. Difficile de ne pas y voir une posture électoraliste quand on est obligé de recourir à la «planche à billets» pour compenser les gros déficits de trésorerie.

II est clair que la politique sociale du président Bouteflika reste de rigueur et qu'il n'a jamais été question de l'abandonner, même au plus fort des contraintes budgétaires. Car pour 2019 le gouvernement Ouyahia prévoit une enveloppe de 445,3 mds de dinars en direction des familles, dont 208,4 mds de dinars pour le système de subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile alimentaire). A elles seules, les subventions de ces produits représentent 11,8% de l'ensemble des transferts sociaux. Pour autant, le projet de loi de finances 2019 n'est qu'une partie de la politique électorale mise en place par le gouvernement et que la majorité parlementaire devrait voter sans grandes difficultés. Par contre, sur le plan politique, quelques doutes sont en train de se faire jour quant à l'éventualité d'un 5ème mandat.

Certes, les quatre partis de cette alliance (FLN, RND, MPA et TAJ) restent sur la même longueur d'onde pour le soutien à une éventuelle candidature du président Bouteflika. Dans le fond, cependant, la démarche semble prendre un peu d'eau, car autant Amara Benyounès du MPA se refuse d'appeler franchement Bouteflika à briguer un 5ème mandat, autant les autres partis semblent s'orienter vers une autre alternative, celle de constituer une alliance présidentielle qui aurait une sorte de plan «B», dans le cas d'un désistement de dernière minute de M. Bouteflika. Cela expliquerait certainement les hésitations du président du MPA qui se refuse à lancer un appel au président pour briguer, comme l'ont fait les autres partis de cette alliance, un 5ème mandat. En outre, le principe d'un 5ème mandat serait en train de faire de moins en moins d'émules après la dernière apparition du président. Cela justifierait-il, cependant, les discordances au sein du gouvernement ? Certainement pas après l'attaque du ministre de la Justice et garde des Sceaux contre son chef de gouvernement. Un comportement qui serait directement lié, selon des observateurs, à quelques options ouvertes pour la prochaine élection présidentielle dans le cas où le président Bouteflika ne briguera pas un 5ème mandat.

A bien des égards, Ouyahia serait en tête de liste d'un plan «B» si Bouteflika préfère passer la main et que les dernières déclarations de M. Louh seraient en fait une première réaction contre cette éventualité. Une éventualité qui expliquerait à postériori le soutien du chef du RND au changement au perchoir après la destitution du président de l'APN. Ce qui pourrait expliquer que l'option Ouyahia pourrait être même sponsorisée par le FLN. Mais, après la confirmation de l'attaque de Louh contre le chef du RND, un autre scénario serait dans le pipe. Lequel ? Wait and see.