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Gaspillages

par Mahdi Boukhalfa

Non, il n'y aura pas de réduction notable du déficit ni de la balance des paiements, encore moins du déficit commercial en 2018. Si le premier cas relève plus de la capacité de la Banque centrale à réguler et gérer les fondamentaux financiers du pays, le déficit commercial ne peut en l'état actuel du fonctionnement de l'économie nationale être maîtrisé. Encore moins réduit en dépit de l'interdiction temporaire de l'importation de plus de mille produits, car les leviers de la baisse ne sont ni aux mains du ministère du Commerce ni dans celle des experts de ce ministère. La réduction du déficit commercial n'a jamais été qu'une chimère politique dans notre pays où tous les gouvernements, y compris l'actuel, n'ont pas eu le courage politique ou mis en place les vrais mécanismes de lutte contre le gaspillage et la très mauvaise utilisation de l'argent du pétrole.

Les derniers chiffres sont inquiétants: une réduction de seulement 1% de la facture des importations et une économie dérisoire de 289 millions de dollars durant les sept premiers mois de l'année. Les prévisions tablaient sur au moins deux à trois milliards de dollars, car sur la table il y a le maintien du dispositif des licences, notamment pour l'automobile, quelque 1.000 produits interdits temporairement à l'importation, des taxes de plus en plus élevées pour l'importation de certains produits dits de luxe, etc. Mais, au final, la note reste salée et la fin de l'année sera bouclée avec plus de 45 milliards de dollars de produits importés, dont des voitures «prêtes» à la consommation et supposées avoir été montées en Algérie. Or, à la fin 2018, les rentrées de la vente de pétrole et de produits d'hydrocarbures ne vont pas excéder les 33 milliards de dollars, ce qui en soi est assez révélateur autant du fait que le pays consomme plus qu'il ne vend, mais, surtout, que la spirale des importations ne fait qu'enfler.

Alors, des questions légitimes se posent sur l'efficacité des dispositifs mis en place par le ministère du Commerce. En fait, il est tout à fait inutile d'attendre plus d'un ministère dont les décisions n'ont jamais fait l'unanimité en matière de gestion des flux commerciaux à l'international comme au plan interne. Plus qu'un boulet pour l'économie nationale, l'incapacité du gouvernement, sinon sa passivité et son manque de réactivité feront en sorte que l'année 2018 sera également une année de perdue dans la maîtrise de la facture des importations. A la fin 2018, la facture sera salée, à plus de 45 milliards de dollars selon les projections faites par les experts, et ce ne seront pas les fluctuations de prix sur les marchés internationaux qui en seront la cause, puisque beaucoup de produits ou de matières premières que l'Algérie achète à terme ont baissé sur ces marchés.

La raison de cette faillite de la gestion du portefeuille des importations est ailleurs. Plus politique que technique, en fait. Pourtant, rien ne saurait justifier cette hausse des achats à l'international, car non seulement il y a plus de 1.000 produits interdits d'importation, y compris les voitures, mais surtout que la loi de finances 2018 a donné un sérieux tour de vis aux importations de demi-produits servant à l'appareil de production. Et donc que cette mesure, qui a ralenti l'importation de produits destinés à l'industrie, l'agriculture, les services, ce qui a créé un marasme économique de plus, n'a eu aucun effet en réalité. Alors, la vraie question est de savoir qui importe quoi et pourquoi. Le reste n'est qu'une question d'intendance, malheureusement.