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Interrogations

par Mahdi Boukhalfa

Cette affaire de la cocaïne est en train de polluer l'été des Algériens. Et de pourrir le climat politique à un moment de grandes manœuvres partisanes pour la présidentielle de 2019. Et, il y a des interrogations, sans réponses concrètes pour le moment, sur les ramifications et les protagonistes de cette affaire. Depuis qu'elle a été rendue publique, cette affaire de la cocaïne a non seulement mis mal à l'aise le gouvernement et certaines institutions dont les services de sécurité, mais elle a surtout fait les choux gras de l'opinion publique qui, à travers les réseaux sociaux et à défaut d'informations, se demande à quel point ira l'enquête sur cette grave affaire. Et les changements à la tête de la DGSN et de la gendarmerie posent des questions pour le moment sans réponses officielles. Le gouvernement doit des explications aux Algériens, aux électeurs qu'il va solliciter au mois d'avril prochain.

Certes, le dossier est encore en phase d'instruction, le ministre de la Justice a donné quelques éléments pertinents sur l'enquête en cours, puis a refermé subitement le robinet, laissant courir les plus folles rumeurs. Des acteurs politiques ont ensuite pris la relève, face à l'indigence de la communication officielle sur ce dossier, pour dénoncer la corruption et un système opaque, côté opposition, et pour demander de ?'laisser la justice faire son travail», côté partis du pouvoir. Entre les deux, il y a le PT de Louisa Hanoune qui va plus loin en laissant entendre que cette affaire est une menace contre la sécurité de l'Etat algérien. A-t-elle des éléments qui soutiennent son affirmation ? Si elle aussi appelle pour qu'on laisse la justice faire son travail, elle reste cependant basique dans ses analyses et ne demande, finalement, que des peines sévères contre les personnes impliquées dans cette affaire. C'est en somme une réaction en deçà des attentes de l'opinion publique sur une affaire explosive qui est en train de faire tomber des responsables à une telle vitesse qui ne manque pas d'inquiéter sur le fond de l'affaire.

Cela n'est pas un séisme politique, mais par bien des aspects il en a l'air. Et, dans l'obscurité dans laquelle cette affaire est restée confinée jusqu'ici, n'étaient-ce les déclarations du garde des Sceaux, personne n'a plus de visibilité qu'un autre sur les terribles forces qu'elle est en train de mettre en jeu. Pour autant, et même si l'instruction reste du domaine du «secret», le gouvernement gagnerait à être plus «communicatif», plus transparent, pour au moins mettre un terme aux folles rumeurs qui polluent, à n'en pas douter, autant l'action de la justice qu'elles indisposent un gouvernement qui n'aurait plus la main dans cette affaire.