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Le rêve du Makhzen

par Yazid Alilat

La nouvelle offensive diplomatique déclenchée par le Maroc contre l'Algérie n'est pas sans rappeler cette dangereuse propension du Makhzen de vouloir cacher le soleil avec le tamis. Et, surtout, de maintenir la région maghrébine dans une sorte d'insécurité politique et militaire, outre le fait de nourrir toutes les craintes quant à un retour de la guerre. Accuser l'Algérie continuellement jusqu'à provoquer l'hilarité générale lors de réunions de diplomates sur les grands dossiers de l'heure, en particulier le dernier dossier de décolonisation en Afrique, ou comment organiser un référendum d'autodétermination juste et démocratique au Sahara Occidental, est devenu le sport favori des officiels marocains.

Bien plus, c'est toute la classe politique de ce pays, si l'on évacue les positions courageuses de l'extrême gauche, dont Ennahdj, qui défendent le principe de l'autodétermination dans cette ancienne colonie espagnole, qui est derrière le Makhzen et soutient mordicus le bien-fondé de l'occupation du Sahara Occidental. Jusqu'à faire, en permanence, des points de fixation sur l'Algérie, accusée de tous les maux dans cette campagne de désinformation autant de l'opinion publique marocaine qu'internationale. Impliquer l'Algérie dans un conflit territorial qui ne concerne, selon les termes de l'ONU, que le Maroc et le Front Polisario, procède assurément de la paranoïa ou, plus exactement, d'une campagne médiatique grassement payée contre le seul pays dans la région soucieux autant de la stabilité, la sécurité que d'une solution juste et mutuellement acceptable dans le dossier du Sahara Occidental.

Evidemment, le Maroc, que ce soit sous le règne de Hassan II ou de son fils, reste fidèle à ses principes exécrables que sont ses soudaines sautes d'humeur, ses changements de position, ses postures indignes du peuple marocain dans nombre de conflits internationaux, dont l'actuel entre les Etats-Unis et l'Iran ou l'agression d'une coalition de pays arabes, dont il fait partie, contre le pays le plus pauvre du Moyen-Orient, le Yémen. Et puis, dans cette interminable liste de griefs que l'on pourrait reprocher à la diplomatie marocaine, est que Rabat sort à chaque crise qu'il s'évertue à créer le dossier des frontières terrestres, fermées depuis août 1994. Depuis cet attentat terroriste à Marrakech, attribué par le Maroc à l'Algérie, et qui a été suivi par une véritable chasse à l'Algérien à travers tout le royaume et, summum de l'insulte, le rétablissement du visa pour les Algériens.

Il est ainsi certain de dire que les Marocains, du moins les officiels, sont frappés de cécité à chaque fois qu'ils invoquent, à des fins de consommation internationale, le dossier de la fermeture des frontières terrestres pour expliquer que c'est l'Algérie qui maintient ces frontières fermées. Mais, la dernière sortie du jeune ministre marocain des Affaires étrangères peut prêter à rire, si ce n'est le caractère sombre de ses propos, lorsqu'il fait le parallèle entre les relations de la France avec l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et celles de l'Algérie et du Maroc. Une bien naïve comparaison et une méconnaissance totale des souffrances du peuple algérien qui s'est affranchi après sept longues années de guerre et d'immenses sacrifices du joug de la France coloniale, et a contribué, avec ses tirailleurs, à la libération de l'Europe de la tyrannie nazie. Cette comparaison tout à fait maladroite et qui a été faite pour plaire à ses mentors, reflète bien la mentalité du Maroc qui s'évertue à endosser des habits maculés de sang, ceux de tout régime colonial.